Herzog capte dans son court-métrage les derniers instants d’un village au pied de la Soufrière. Le silence des rues, les magasins abandonnés et les ports vides montrent un village évacué, prêt à mourir une nouvelle fois. La caméra s’avance, en un long travelling, dans ce lieu tragique accompagné de la musique romantique de Rachmaninoff, se dirigeant vers le souffle du volcan. Contrairement à l’équipe de tournage, les derniers riverains n’ont pas peur, l’un d’eux se réveille, allongé aux côtés d’un arbre, symbole biblique : « Je suis la parce que c’est la volonté de Dieu, j’attends ma mort ». Cette harmonie avec la nature destructrice, avec la Soufrière et leur propre condamnation, soulève un moment de vérité extatique. Herzog filme ce qui tend à disparaître.
Le volcan n’explosera pas, épargnant les quelques insulaires restants, mais la caméra aura malgré tout captée l’impuissance des paysans face à la nature par un plan d’ensemble, montrant un pauvre homme au milieu d’un espace désert.