""Pape Clément ! Roi Philippe ! Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment ! Maudits ! Maudits ! Tous maudits jusqu'à la treizième génération de vos races !" Malédiction qu'aurait prononcée Jacques de Molay, grand maître des templiers, sur son bucher en 1314.
Alexandre Dumas ne raconte pas l'histoire, mais il fait les réputations, c'est le privilège du talent quand on écrit des romans historiques.
Patrice Chéreau reprend les personnages, ajoute une dimension épique au drame. Le mariage d'Henri de Navarre et de Marguerite de Valois tourne aux bacchanales. L'amour, le sexe et la mort se mêlent intimement. Le massacre de la saint Barthélémy n'est plus qu'un épisode dans cet enchainement de turpitudes où se mêlent inceste, tueries, tromperies, ambitions, trahisons, amour et assassinats.
Les personnages historiques trahis par Dumas deviennent caricatures sous la caméra de Chéreau.
Catherine de Médicis est une incarnation de la mort qui glisse, sombre parmi les ombres du palais.
Charles IX, instable et versatile laisse son entourage se disputer le pouvoir qu'il n'assure pas.
Henri d'Anjou est un arriviste comploteur, homosexuel et violent.
"Sainte" Marguerite de Valois est une sorte de prostituée incestueuse qui tente de sauver tous ceux qu'elle peut. Le seul à qui elle se refuse est son mari.
Henri de Navarre est une sorte de pantin qui ne maîtrise pas son destin.
Quant à Lerac de la Môle, on peine à s'intéresser à ce personnage falot.
Mais l'ensemble forme un mélodrame haut en couleur avec une ambiance prégnante ou toutes les briques s'assemblent inéluctablement pour nous mener au dénouement tragique. Malheureusement, le drame final est trop anodin par rapport à sa gestation qui enflait de manière démesurée.