La popularité de Lei Li, jeune éphèbe épéiste, s'accroît de jour en jour, à tel point que le vieillissant et fourbe Lung pourrait perdre la place privilégiée qu’il occupe dans la communauté. Il piège Lei li et, pour une question d’honneur, le force à se couper le membre. Désormais moqué et humilié, il retrouve le désir de vivre au du beau Feng. Ce dernier se fait piéger à son tour et, après s’être fait attacher, finit carrément en deux morceaux. C’en est trop, Lei li, chaud bouillant, va décimer l’entourage de Lung et, improvisant une technique pour pallier à sa virilité perdue, nique le vieux maître. Je crois que c’est le premier film de la Shaw Brothers que j'ai jamais vu, le revoir aujourd’hui permet de confirmer que c’est une pièce de choix. Chang Cheh ne s'intéresse pas vraiment aux arts martiaux et n’en fait pas la promotion, ce qui l’intéresse c’est la violence exacerbée des sentiments amoureux, et un certain fétichisme du corps masculin sacrifié. Son indifférence à l’égard du sexe opposé est manifeste, il faut voir Lei Li retrouver joie et sourire, enlaçant son nouveau copain avec son bras restant, plongeant ses yeux dans les siens, alors que la belle Pa Hsiao se contente de la manche vide qui jadis contenait le membre amputé. Le film fait une belle utilisation des décors, tout est artifices et symboles. Les chairs s’ouvrent et le sang coule dans un festival de couleurs. Le désir (de vengeance...) monte lentement en Lei Li et explose dans un final cathartique. Ti Lung et David Chiang sont beaux comme des dieux, Chang Cheh filmant magnifiquement le regard féminin du deuxième. Un film vraiment suberbe qui explose le wu xia pian, avant que Tsui Hark ne s'en occupe à son tour en 1995. (vu en 2021)