Fabrice Luchini vieillit, et sans doute était-ce la meilleure chose qui pouvait lui arriver. Si l'on sent bien qu'il ne s'en faudrait pas de grand-chose pour que cela vrille, celui-ci parvient ici à une (relative) sobriété bienvenue, correspondant bien à un héros assez complexe, attachant, parfois maladroit dans sa manière de traiter sa seule « fidèle » (Maud Wyler, très juste). Cette histoire est autant la sienne que la « petite » du titre, au destin incertain suite à la mort des futurs parents dans un accident d'avion. Le film s'attarde autant sur les enjeux de cette situation difficile, inhabituelle qu'à l'étrange relation qui va unir le grand-père à la mère porteuse, intéressante bien qu'évoluant de manière parfois trop abrupte, au début comme à la fin.
Reste une réelle sensibilité dans l'écriture, les situations, les protagonistes, échappant régulièrement à tout jugement ou simplisme dans le regard. Peut-être aurait-il fallu encore mieux exploiter ce beau personnage qu'est Aude, et un peu moins céder au
« tout le monde est heureux » lors d'un dénouement sans audace,
mais gardant toujours une sobriété, voire une certaine élégance (la musique), l'humour discret (bon, Luchini qui rappe, ce n'était pas forcément indispensable, mais les autres répliques font souvent mouche) apportant également sa petite pierre. Rien de renversant, mais un joli film abordant avec délicatesse un sujet rarement abordé : sans doute pas le titre le plus personnel de Guillaume Nicloux, mais peut-être l'un des plus convaincants.