Le vrai mystère de ce film est celui-ci : pourquoi Almodovar a divagué à son sujet ?

Le titre original Magical Girl fait reference à une BD japonaise très prisée depuis les années 70 par des petites filles puis par des amateurs branchés de personnages enfantins, dont ils ont fait des icônes new âge. 

Une pre ado leucémique a le rêve de posséder le costume hors de prix de « Magical Girl » et son pere, un professeur chômeur désargenté veut le réaliser. Mais le personnage féminin principal du film est une jeune femme vaguement schizo, dont les interrelations avec les autres sont incompréhensibles.

Le film a une construction soi-disant chorale imitant les grands succès de Inarittu (Amours Chiennes, 21 Grammes), de Nolan, de Lynch ou d’autres qui eux ont réussi leurs films avec des mises en boucles d’histoires ou des croisements labyrinthiques qui soit retombent sur leurs pieds au final soit ouvrent des espaces de mystère où la réflexion, le rêve ou la beauté nous emportent. 

Au contraire de tous ces films, la narration est ici plate et constamment au bord de la laideur. Aucune des altérations et des atypies du récit ne tient la promesse d’une surprise ou d’un mystère comme Shutter Island ou Mullholland Drive.

Certes, on est intrigué, par exemple, par le fait que le mari ou l’ancienne amie maquerelle Ada semblent être des personnes différentes d’une scène à l’autre, ou  bien par la temporalité de certaines scènes qui semblent du é ou du futur (voire peut être du délire) inséré dans un récit qui semble parfois non linéaire, sophistiqué, mais qui souvent est plutôt ordinairement et niaisement séquencé.

A cause de cela, on e le visionnage avec de grands efforts en espérant une surprise à la fin mais c’est nullissime jusqu’au bout : on ne voit alors qu'un vieux prof qui, sous l’emprise de la jeune femme maltraitante et maltraitée (on ne sait pourquoi d’ailleurs), tue un autre prof, chômeur et maitre chanteur, et qui liquide tous les témoins, y compris l'enfant leucémique. Cette fin donne son vrai statut au film : un "pseudo noir" sans queue ni tête. 

Almodovar a dit : son realisateur est "la révélation espagnole du 21eme siècle ».

Ce grand cinéaste a livré une appréciation pour le public qui est indigne éthiquement mais très efficace commercialement (c’est une caution pour aller le voir) et aussi pour obtenir un soutien snob (car bien des critiques élogieuses l'ont suivi).

(Notule de 2019 publiée en mai 2025).

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le 26 mai 2025

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Michael-Faure

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