Surtout connu pour son travail dans les séries TV, il a notamment travaillé sur Veep, Armando Iannucci s'est vite imposé pour son amour des satires et des comédies noires. Avec The Death of Stalin il poursuit ses obsessions dans un spectacle où l'absurde côtoie la réalité historique pour mettre en lumière l'aberrance d'une système politique tel que ce qu'avait été l'URSS. Le film trouve pourtant une résonance bien actuelle dans son étude des jeux de pouvoirs et entouré d'un casting 5 étoiles, Iannucci signe une des surprises de ce début d'année.
On pourra sans doute reprocher au film sa structure très chapitrée qui donne à la narration un rythme un peu trop didactique comme on déplore une mise en scène assez peu travaillé au final. Même si grâce à quelques ralentis bien pensée ou des situations visuelles burlesques, le film ne néglige jamais l'humour visuel, Iannucci opère un travail de réalisation très "télévisuelle". Les vraies forces de The Death of Stalin proviennent surtout de son écriture et de son casting. Même si elle se trouve être sans surprise, l'histoire possède un ton et un regard diablement pertinent sur la terreur menée par la dictature et sur l'absurdité d'un système qui tue à tour de bras pour avancer. Personne n'est en sécurité, tout le monde se méfie de tout le monde et tombe dans une atmosphère de paranoïa étouffante. Le film en joue avec intelligence et un second degré salvateur qui rend bons nombres de ages proprement hilarant, surtout que le tout est servi par un casting magistral. En tête un Steve Buscemi en grande forme et un Simon Russell Beale qui fait office de révélation mais on retiendra aussi un Jason Isaacs hilarant dans un habile contre-emploi.
Mais ce qui fait surtout la force de ce Death of Stalin c'est sa capacité d'utiliser son humour en le poussant s'y loin qu'il bascule dans l'horreur. Le scénario est d'une noirceur terrible et, même si il prend des libertés, reste extrêmement proche de la réalité. Entre exécutions sommaires et jeu de manipulation, tout dépeint une réalité glaçante qui joue énormément sur le double sens. On rit donc beaucoup, mais on rit souvent jaune. C'est là tout la force du film qui dée le cadre de la satire grinçante pour porter une réflexion bien plus ambigu sur le pouvoir et ses ramifications qui en dit d'ailleurs beaucoup sur notre époque actuelle. Finement écrit, notamment à travers un brillant travail sur les dialogues, le film sait finalement surprendre et ne s'arrête pas à n'être qu'une simple caricature et vise la plupart du temps juste.
The Death of Stalin est une très bonne surprise. Non seulement le film sait se montrer hilarant comme promis, mais il vise également plus loin et s'impose comme une oeuvre bien plus noire et acide sur l'ascension au pouvoir et les fondements d'un monde peut-être pas encore s'y éloigner du notre. L'absurdité devient un instrument aussi drôle que terrifiant dans un jeu de manipulation glaçant tenu par un casting déchaîné. Dommage que la narration est un peu trop didactique et que la mise en scène ne dée jamais le fonctionnel mais ce ne sont que de menus défauts à un très bon film.