La Malédiction d'Arkham par Zogarok
Mis à mort par des villageois excédés, un nécromancien lance une malédiction sur ses bourreaux et leurs descendants. 110 ans plus tard, le descendant de ce sorcier s'invite avec sa femme dans le village maudit pour retrouver le luxueux château dont il est l'héritier. Mais au travers de Charles, son ancêtre orchestre sa vengeance, allant jusqu'à le posséder pour parfaire ses plans avec l'appui de domestiques demeurés patients et fidèles pendant un siècle. L'épouse, Ann Ward (envoûtante Debra Paget), est la grande victime de ce mauvais sort et de tous ces stratagèmes.
Censément et officiellement adapté de Poe, The Haunted Palace s'est en fait bien davantage inspiré de Lovecraft (allant jusqu'à la citation du Necronomicon) et de sa nouvelle L'Affaire Charles Dexter Ward. L'affiliation à Poe a été soulignée pour l'exploitation du film, mais demeure circonscrite à la citation de ses poèmes. Si rétrospectivement Poe semble une référence typique du cinéma gothique de l'époque, en vérité Corman défrichait le terrain avec sa série de huit adaptations en 1960-1965, dont Haunted Palace est le 4e opus.
De façon générale, La Malédiction d'Arkham est un film d'épouvante old school d'une rare qualité ; dans l'industrie Corman, c'est l'un des meilleurs, sans atteindre la somptuosité de La Chambre des Tortures ou du Masque de la Mort Rouge. Conçu avec ses collaborateurs les plus précieux (en particulier Floyd Crosby pour la photographie), réunissant Vincent Price et Lon Chaney, il éblouit par ses effets spéciaux et sonores aussi radicaux qu'affirmés, ses apparitions et élans fantastiques très élaborés voir impressionnants (les ''aveugles''). Le sens du baroque atteint un point culminant, plus directement spectaculaire et dérangeant avec l'inspiration de Lovecraft.
Lyrique et flamboyant comme il se doit, l'ensemble jouit aussi d'un scénario solide, limpide et tortueux, ainsi que de son récit curieusement ancré dans le réel (en tirant un grand avantage dramatique). C'est une rupture là aussi avec le flegme fantasmagorique un peu désuet habituellement entretenu par ces productions, pour un résultat plus calculé et incisif. Corman tutoie la perfection esthétique.
1960 http://senscritique.voiranime.info/film/La_chute_de_la_maison_Usher/critique/44663118
1962 http://senscritique.voiranime.info/film/L_Empire_de_la_terreur/critique/44378336
1963 http://senscritique.voiranime.info/film/Le_Corbeau/critique/44331253 1963
1964 http://senscritique.voiranime.info/film/Le_Masque_de_la_mort_rouge/critique/33738331
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