Construit comme un long flash-back du temps où Paul était le gardien en chef d'un bloc pénitencier des condamnés à mort, La ligne verte revient sur l'arrivée de John Coffey au bloc, accusé dans l'affaire de meurtres de deux fillettes. Faisant référence au couloir emprunté par les condamnés avant leur exécution, la ligne verte est une espace chargé en signification sur lequel le film arrive brillamment à capitaliser: lieu de age où se côtoient la vie et la mort, il est un espace public qui nous fait rentrer dans l'intimité des personnages. A l'image de cet espace frontière entre la vie et la mort, le film entier est une tension entre le réel et le surnaturel d'une part, le drame policier et la comédie d'autre part.
Se déroulant presque exclusivement au sein du bloc et de la fameuse ligne verte, le film arrive à dresser un huis-clos haletant grâce à la richesse des personnages, des dynamiques des relations entre gardiens et détenus. Il réussit à faire entrer humour et légèreté dans un contexte situationnel pourtant très sombre. On pense notamment à la souris "Grelot", apprivoisée par un détenu. La répétition de l'exécution, orchestrée étape par étape, porte à son paroxysme la tension entre le drame et la comédie, puisque le "figurant" est clownesque, et est régulièrement rappelé à l'ordre par Paul.
Plus encore, le film introduit de la magie là où il n'y en a pas, grâce à la figure de John Colley, géant noir qui détient des pouvoirs de guérison. Un élément novateur qui s'insère contre toute attente naturellement dans le scénario du film. Ce microcosme et les dynamiques entre les personnages donnent à voir les grands enjeux éthiques (notamment avec Percy, gardien terrible mais pistonné) et les limites de la justice humaine. Finalement, dans de nombreux cas, c'est le surnaturel qui donne une tournure positive aux évènements...