Seule petite fille dans un village de mecs arriérés, Machine se sent seule, plus intéressée par les animaux et la nature plutôt que par la violence des garçons. Alors la schtrumpfette va faire la rencontre de Baby Yoda dans la forêt et s’y attacher, au grand dam de sa tribu.
Dans un univers qui sonne faux, dépeint de manière totalement désincarnée, où des plans de nature hyper artificiels se succèdent sans trop de direction, on a le sentiment que tout est factice, que le monde qui nous est présenté n’existe pas.
C’est un univers virtuel de jeu vidéo, mis en scène comme un jeu vidéo avec des cinématiques de jeu vidéo. Aucune scène n’est rattachée l’une à l’autre, chaque nouvelle scène est un nouveau film qui commence, comme s’il avait fallu retaper un prompt dans un logiciel d’IA.
L’héroïne se balade en forêt, on sait qu’elle va faire la rencontre de la bestiole. On s’y attend. Ce qui rend la scène encore plus pénible qu’elle ne l’est déjà, c’est qu’on n’a aucun contexte : pourquoi elle se balade dans cette forêt ? On devine qu’elle a l’habitude de se ressourcer en solitaire dans la nature car elle semble à l’écart de sa société. Mais où est sa baraque par rapport à la forêt ? Elle est loin de chez elle ? Combien de temps elle a marché avant d’arriver à cet endroit ? Dans la seule scène précédente où on voit les personnages dans cette forêt, ils étaient arrivés en voiture dans la nuit : la forêt n’a donc pas de cartographie, c’est juste la forêt, n’importe quel endroit de la forêt reste la même forêt. Ça ne m’engage pas en tant que spectateur, la scène est simplement informative : elle se balade dans la forêt et fait la rencontre de la bestiole. Ok. Scène suivante : elle est déjà rentrée chez elle. Tous ces endroits n’existent pas, ils sont des mondes virtuels limités comme une planète plate, on arrive à la limite : fondu enchainé : nous voilà sur une autre map.
La scène stupide de supermarché où elle se fait griller avec sa bestiole dans le dos est révélatrice du montage catastrophique du film. Rien n’est en rythme, le suspense ne prend pas un seul instant, on a encore l’impression d’une énième scène déconnectée du reste dont on ne comprend même pas le degré. L'action est saccadée, il manque des plans, on ne comprend pas la caméra.
Toujours sans la moindre recherche scénaristique (elle tombe dans un trou), elle retrouve sa maman, là aussi, comme s’il n’y avait rien d’autre dans cette foutue forêt à part son papa, un supermarché chelou, et sa maman. A ce stade on commence à se demander pourquoi on regarde ça. L’histoire pour l’instant ne raconte absolument rien : une fille quitte son père dans la forêt pour trouver sa mère et elle la trouve. Aucune difficulté n’a été éprouvée, aucun obstacle. On sait juste que son père et ses sbires sont à sa recherche – et ils retrouvent sa trace très vite parce que l’absence de difficulté fonctionne dans les deux sens évidemment.
On apprend que c’est sa maman qui lui a appris à communiquer avec les bestioles. Et en fait, c’est leur proximité avec la nature et l’écoute de leurs émotions, en fait, qui les ont éloignées de leur tribu parce que les mecs, en fait, ils manquent de sensibilité en fait. C’est parce qu’ils préfèrent la violence et la guerre. C'est pour ça.
Toujours sans notion du temps ni de l’espace, le père arrive et rencontre la mère, rencontre tant attendue qui mènera à une scène insignifiante, au cadrage aléatoire, au montage aussi vivant qu’une coquille de pistache. Aucune émotion évidemment, pourquoi en ressentirions-nous ? Tout cela n’existe pas. Leur é à peine évoqué n’a aucune valeur sentimentale dans le récit. A nouveau, on ne peut se rattacher à rien. On ne fait que laisser er la scène, sachant qu’elle n’est qu’une étape. Elle se termine sans se terminer, ils se battent… et ça ne mènera à rien d’autre. Cette scène, comme de nombreuses autres, aurait pu être supprimée sans que ça n’ait le moindre impact sur le film, alors que la séparation des parents semble être l’un des plus grands points de tension de l’histoire. Dommage un peu.
Eeeet cette musique inaaaable… Elle est quasiment partout, empêche la moindre respiration, le moindre relief, ne fait que remplir, habiller toutes ces scènes trop longues et inutiles. En même temps, il n’y a rien à souligner, donc ça ne souligne rien. L’émotion est absente du film. Justement, bien au contraire, le film aurait été bien plus juste et sincère sans musique. Le sound design, l’une des rares réussites selon moi, en aurait été encore plus beau.
Je n'évoquerai pas le final car il ne faut surtout pas spoiler le vide.