"This is the dream!"

La La Land s'ouvre sur une scène qui, dès les premières notes, nous plonge dans un ballet étourdissant entre rêve et réalité. Cette dualité, fil rouge de tout le récit, s’étend comme un pont suspendu entre deux mondes : un monde plus onirique, celui des rêves, et celui plus brut du monde réel et des choix qu’il implique.


Le réel, dans cette histoire, n’est jamais complètement hermétique. Il se fissure, s'efface parfois, pour laisser jaillir des éclats de magie, des moments suspendus. Les soirées, les rencontres, ces instants volés où le bonheur illumine brièvement les visages des personnages, s'apparentent à des bulles de rêve éveillé. La séquence d’ouverture, "Another Day of Sun", illustre à merveille ce va-et-vient entre l'imaginaire et le tangible. En plein embouteillage, un orchestre jaillit d’un camion. L’espace d’un instant, tout semble possible. Puis, dans un claquement de portière brusque, la réalité nous rattrape, bruyante, chaotique, à coups de klaxons et de moteurs grondants.


Les scènes du planétarium, où les personnages s’envolent littéralement vers les étoiles, ou encore la sublime scène finale, continuent d’explorer cette frontière poreuse entre ce que l’on rêve et ce que l’on vit. Dans cet espace flottant, où tout semble possible, l’amour de Sebastian et Mia prend racine. Un amour magnifié par le rêve, mais qui ne peut pourtant échapper à la réalité.


Et c’est là que La La Land nous prend par surprise. La fin n’est ni triste, ni triomphante. Tout est une question de point de vue. Elle est, pour son réalisateur Damien Chazelle, profondément romantique. Une romance qui ne s'enferme pas dans les clichés du bonheur parfait, mais qui explore les choix, les renoncements, et la beauté de ces chemins qui se séparent. C’est une histoire de deux âmes qui se sont nourries l’une de l’autre, qui ont grandi ensemble, pour ensuite s’éloigner. Et dans ce déchirement, il y a une douceur, une mélancolie presque lumineuse, celle d’avoir osé rêver, d’avoir touché du doigt l’infini, même si, au bout du compte, on retombe sur terre.


Une fin qui fait de La La Land une comédie musicale si particulière, où le rêve et la réalité dansent ensemble, sans jamais s’accorder totalement, mais toujours avec une grâce infinie.

10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes 2017

Créée

le 29 déc. 2023

Modifiée

le 19 sept. 2024

Critique lue 663 fois

14 j'aime

9 commentaires

AntoineMrt

Écrit par

Critique lue 663 fois

14
9

D'autres avis sur La La Land

Le crépuscule des rêves

Comment pouvais-je me douter que le slogan « Plus de ion, plus d’émotions » de mon interminable attente allait esquisser mon jugement quant à l’inévitable fascination prédestinée à ce rêve de...

Par

le 8 févr. 2017

162 j'aime

35

One from the Heart

C’est comme un ogre qui dévaste tout sur son age ou un rollercoaster qui aplatit la moindre parcelle de bitume : le dernier film de Damien Chazelle, et la hype qui l’entoure, sont connus de tous...

Par

le 21 janv. 2017

161 j'aime

4

Il faut sauver le sol de Ryan

Damien Chazelle ne s'est pas doré la pilule. Car la véritable performance avec son La La Land, c'est d'avoir donné le la en mettant facilement tout le monde au sol et au diapason, pour un résultat...

Par

le 5 févr. 2017

124 j'aime

19

Du même critique

Les Apparences

En 2010, avec The Social Network, David Fincher amorce un tournant radical dans son style cinématographique. Si ce changement se fait sentir dès Zodiac en 2007, il s’affirme pleinement avec ce film...

le 13 nov. 2014

19 j'aime

10

Seven
10

Sin City

Critiquer un de ses films préférés, c’est toujours un défi. Comment mettre en mots ce que l’on ressent face à une œuvre qui bouleverse, choque, et marque à jamais ? Se7en, pour moi, a été un...

le 8 nov. 2014

15 j'aime

2

La La Land
10

"This is the dream!"

La La Land s'ouvre sur une scène qui, dès les premières notes, nous plonge dans un ballet étourdissant entre rêve et réalité. Cette dualité, fil rouge de tout le récit, s’étend comme un pont suspendu...

le 29 déc. 2023

14 j'aime

9