Bien peu ionnant
Ça se e à quelle période ? XIXème siècle ? Début XXème ? J'ai eu du mal à situer l'intrigue dans le temps. Eugénie (Juliette Binoche), aidée de Violette et bientôt Pauline, deux servantes ou...
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le 11 nov. 2023
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La ion de Dodin-Bouffant s'ouvre en nous faisant croire à un énième film de cuisine, uniquement voué à nous faire saliver (ce qu'il fait, attention : pensez à manger avant...), mais très rapidement, la finesse d'écriture de Tran Anh Hung (L'Odeur de la papaye verte) voit dans le terme "ion" un tout autre sens, et nous régale alors non plus de gros plans de viandes juteuses et de légumes rissolant, mais bien d'une tendresse amoureuse ravageuse pour nos petits cœurs (cuits à point, dès qu'on croise le regard complice de Magimel et Binoche, absolument charmants). La cuisine devient prétexte à déclamer sa flamme, à se faire éconduire avec l'envie de refaire encore sa demande, à dévorer des yeux cette femme qui est si belle quand elle dîne, à danser un ballet à deux lors de l'élaboration de la recette, à donner ce prétexte culinaire pour retenir la bienaimée avec soi (il sait très bien cuisiner, mais prétend depuis vingt ans avoir un besoin irrémédiable d'avoir cette cuisinière avec lui...). On fond plus vite qu'un morceau de beurre sur le feu, devant la finesse de cette ion, devant le charme de ces amoureux, mais aussi devant la détresse qui s'empare de Monsieur quand il comprend que Madame lui échappe par la force du Destin. On est triste, et pourtant on n'arrive pas à être accablé, puisque cette cuisinière redouble de bons mots pour combattre le sort, on rigole même de ses traits d'esprit, et c'est ici qu'on comprend le second sens de la "ion" du titre :
Monsieur va vivre un véritable calvaire, mais avec un sourire résilient
. Qu'on aborde la mise en scène, elle vaut bien la Palme qu'elle a reçu, couplée à la musique si délicate, aux répliques si soutenues mais jamais pompeuses, au binôme parfait Binoche-Magimel qui ravage tout en un regard ou un sourire, à un virage dramatique qui nous surprend dans le bon sens, et un final plein de tendresse envers ses personnages (la petite apprentie surtout). On se laisse accommoder le cœur par ces deux acteurs formidables, par ce réalisateur qui questionne la ion amoureuse, par ces plans savoureux de petits plats délicats : servez chaud, et dégustez.
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Créée
le 31 mai 2023
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