Mon dernier visionnage fait suite à une interview de Jérôme Niel, acteur principal de La grande classe via le mur Facebook de Senscritique.
Senscritique, c'est ce site que je chérie depuis maintenant plus de 5 ans, qui a vocation à mettre en avant les "bons" films au détriment des "daubes" (pardon, «séparer le bon grain de l'ivraie») pour moi initialement.
C'est un moyen pour moi d'enrichir ma culture. Il m'a permis entre autres de m'ouvrir à Coppola, Tarantino, Lars Von Trier, Refn, Scorsese, Miyazaki, Fincher, Hitchcock, Malick, Lanthimos, Lynch, Kubrick... J'y ai é un nombre incalculable d'heures. Il m'a donné envie d'en voir toujours plus. Il a ouvert un appétit insatiable pour ma cinéphilie, sériephilie, bibliophilie, BDphilie, et récemment mélomanie bien que ça déconne sévèrement dernièrement de ce côté-là.
Il y a ce système d'éclaireur absolument génialissime, le top 111, le top 10 des tops 10, bref de quoi s'éclater! Et puis le site s'est développé petit à petit. On a vu l'apparition des bannières publicitaires, parfois intempestives, mais ça reste utilisable. On est loin d'Allociné encore, ne nous plaignons pas. Il est compréhensible qu'il faille monétiser et rentabiliser ce qui reste un produit, de partage certes, mais un produit.
Depuis peu, je vois fleurir les publications sur le mur facebook du site avec des interviews et des bandes annonces. Je me laisse parfois tenter. Mais là, honnêtement? Combien Netflix a-t-il payé pour que Senscritique fasse la promo de son film? A combien s'estime la dignité du site que j’idolâtre?
Pour poser les bases : ce film est en dessous du niveau de "Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu?".
Je vous prie de m'exc pour cette longue introduction coup de gueule.
Parce que finalement, objectivement parlant, même si SC nous le vend, au bout de 2 minutes de visionnage on a compris le degré de subtilité de cet objet filmique. C'est grotesque. Ça annonce bien la couleur: pour incarner la réussite, on nous vend 2 bogoss bobo écolo en vélib qui ont monté leur boite informatique à Paris. On est déjà dans la caricature bien grasse.
Bref, le synopsis est le suivant: 2 gars qui ont réussi vont se rendre à une soirée d'anciens élèves
de leur collège où ils étaient martyrisés. L'un des deux a bien l'intention de prendre sa revanche en
mettant sa réussite en avant.
J'ai pris des notes pendant mon visionnage. Je n'ai que de piteux clichés à vous vendre à la pelle et quelques éléments sur la BO, la morale…
Une synthèse s'avère pénible aux vues du degré de stupidité de « cette œuvre », cependant, voilà le plan du film rien que pour vous :
Les gros beaufs y trouveront leur compte…
Pour étayer mon propos, voici une liste en vrac, que je n’ai pas envie d’ordonner, de ce qu’on trouve dans cette comédie française signée Netflix :
Le mec bien qui cherche l'amour VS le mec qui cherche juste à pécho
Le timide ancien gros
Des répliques subtiles du style: « je peux me venger avec ma bite » (phrase non transformée)
La caricature des geeks mise à jour avec des joueurs de jeux vidéo sur téléphone, faisant partie du club d'échecs, lisant le seigneur des anneaux en elfique VS la caricature des harceleurs, qui cassent du matériel, fument le t et sont collés
Qui plus tard donnera des mecs qui « réussissent » dans des professions intellectuelles supérieures VS des cas soc' qui se sont reproduits en masse avec des enfants qui se nomment "Rihanna", font partie de l'équipe de rugby et ont une vie « nase » avec soit un taf de merde dont ils sont fiers, soit sont au RSA mais sont heureux comme ça
Des geeks asociaux qui restent geeks asociaux VS des mecs cools… qui restent cools. Les loosers restent donc des loosers si ce n’est qu’ils ont du pognon qui ne leur sert strictement à rien puisque c’est des geeks. C’est tellement bien de nous servir ça, d’autant que je pense que ce film s’adresse à un public jeune (à l’entente du terme « téma » toutes les 5 minutes, j’ose présumer): continuons le harcèlement scolaire ! Y a qu'à moi que ça pose un questionnement éthique? Ôter tout espoir aux gamins qui s'en prennent plein la tronche au collège et qui se consolent en se disant que plus tard ils réussiront mieux que leurs bourreaux? Ou motiver les harceleurs qui s'en sortiront toujours quoi qu'il advienne?
Une partie d’échecs où le roi est mat sans être échec (quiconque joue aux échecs aura envie de s’arracher un œil…)
Des parents gaga bienveillants
La BMW symbole de réussite sociale
Le age obligatoire des 5 minutes de morale suivies des 10 minutes de tout le monde est copain à la fin (désolé pour le spoil... en est-ce réellement un?)
Un twist final de ouf expliqué à 2 secondes de la fin alors qu'on a pigé avant la moitié du film…
Un age gay friendly bien indigeste
Des situations vues et revues, complètement éventées sur la base de quiproquo « on t’a pris pour quelqu’un d’autre, tu te prends au jeu puis t’es pris au piège mais l’honnêteté blablabla… révélation », la grosse brute gay, le bonheur est ailleurs…
L'utilisation de la BO tout aussi lourdasse que les répliques...
La morale à 2 balles pour justifier toute cette merde : "Eh bah la vengeance, c'est pas bien, c’est la société qui nous catégorise ! Allé on est tous copains Ouééé !" --> les rancunes n'ont plus de raison d'être, les bons sentiments tout ça: « qu’est-ce qu’on était con à l’époque » face à un mec qui en a bavé, qui est aigri de sa jeunesse de souffre-douleur et qui n'obtiendra au final jamais gain de cause au profit d'une morale "tout le monde il est beau"
On s’arrête là ?
Conclusion en 2 mots : film pourri.
Senscritique, tu m'as trompé. Je t'aime toujours et je ne saurais me er de toi. Que fait-on?