L'art et la bannière

Franchement, d'emblée, ça faisait un peu peur, un biopic sur George M. Cohan, star de broadway réputé pour son allant patriotique réalisé en 1942, c'est toujours délicat comme mélange...

C'était sans compter sur les deux atouts majeurs du film, Curtiz et Cagney, qui transportent l'histoire bien au-delà de la gentillette propagande attendue.

En réalité, la vie de cet Irlandais d'origine né un 4 juillet le drapeau à la main et qui finira par être l'auteur de l'hymne officiel de la première guerre mondiale est comme d'ordinaire chouette comme tout. Ca commence comme une biographie d'un Marx Brother, il y a les tournées en famille, avec Papa (Walter Huston, merveilleux comme toujours), Maman (11 ans plus jeune que son fils, mais restons courtois), la soeur (la vraie soeur de Cagney) et le petit monstre (enfant, joué par le premier Robin de l'histoire de Batman : Douglas Croft, sorte de bouille inablement frisottée dans le genre de Freddie Bartholomew), c'est la merveille du music-hall en province avec les claquettes et la plus jeune skirt dancer des Etats-Unis en prime... Ca chante et ça virevolte et ça bouffe de la vache enragée les bons jours dans des pensions miteuses...

Notre héros est tout sauf un compositeur de génie, c'est un américain moyen avec des goûts d'américain moyen et ça se voit, c'est d'ailleurs tout l'intérêt du film, quelque chose d'assez simple et presque naïf qui permet de donner une photographie assez révélatrice de soixante années d'un pays qui se cherche une unité et qui la trouve probablement plus facilement au spectacle du coin que nulle part ailleurs.

Cagney, oscarisé pour le rôle, est absolument renversant, il s'impose probablement plus par sa vigueur physique que par sa grâce, mais le résultat est bien là, il incarne à merveille cette tête de mule et donne à tous les numéros la cachet suffisant pour les rendre agréables même dans des morceaux de moyenne facture...

Et de tout ça, Curtiz nous donne un film très réussi, sublimé par le travail de James Wong Howe à la photographie et qui dée allègrement ses petites velléités patriotiques par l'intérêt historique qu'elles entrainent.
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Top 15 Films avec James Francis Cagney

Créée

le 12 nov. 2013

Critique lue 736 fois

16 j'aime

9 commentaires

Torpenn

Écrit par

Critique lue 736 fois

16
9

D'autres avis sur La Glorieuse Parade

He's a Yankee Doodle Booooy!

Biopic de Georges M. Cohan, entertainer américain du début du XXème siècle qui reçut la Médaille d'or du Congrès (premier artiste à l'obtenir) au moment de l'entre deux guerre pour sa contribution au...

Par

le 19 oct. 2016

2 j'aime

3

American Way of Life

S'il existe un pays ayant utilisé son cinéma à des fins de propagandes nationalistes ce sont bien les États-Unis. Que ce soit pendant ses guerres, pour relativiser les conflits ou après ses défaites,...

le 13 juil. 2013

2 j'aime

Éloge du drapeau

Ce film de Michael Curtiz a au moins cela de ionnant, démontrer les limitations temporelles, géographiques ou culturelle d'un succès, avec un chant patriotique de l'acabit de "La Glorieuse...

Par

le 27 sept. 2023

1 j'aime

Du même critique

Itinéraire d'un enfant gâté

A 22 ans, notre héros, qui a feuilleté deux lignes de Thoreau et trois pages de Jack London, abandonne sans un mot sa famille après son diplôme et va vivre deux années d'errance avant de crever comme...

Par

le 17 nov. 2012

473 j'aime

182

Esclavage de cerveau

Aussi improbable que cela puisse apparaître à mes lecteurs les plus obtus, j’aime bien Tarantino, je trouve qu’il arrive très bien à mettre en scène ses histoires, qu’il épice agréablement ces...

Par

le 22 janv. 2013

394 j'aime

174

Le Parrain
10

Le festival de Caan...

Tout a déjà été dit sur ce film, un des plus grands jamais réalisé. Tout le monde a vanté, un jour son casting impeccable : un Brando ressuscité, un Pacino naissant, bien loin de ses tics...

Par

le 6 janv. 2011

367 j'aime

131