La Fureur du dragon par IRAn

Pour être objectif, je dirai que je suis le premier à reconnaitre qu'il n'y a pas vraiment d'intérêt à voir ces "vieux Bruce Lee (BL)" en 2020. Si ce n'est pour se rendre compte de ce que c'est et ce que cela a été. Sauf a être un afficionado du combat, il faut prendre les BL sous l'angle pédagogique.

Donc voici l'énumération des points faibles (SIC!), un florilège certainement incomplet.

- Scenario épais comme du papier Cancon (je garde le papier à cigarette pour des cas encore plus consternants). il y a quelques petites trouvailles sympa (le chat qui apparait trois fois au Colysée : aucun intérêt mais apporte une fraicheur dans la scene de combat final), mais l'ensemble n'est pas fait pour torturer l'esprit du spectateur. La compréhension est immédiate.

- Décors mal peints du Colisée qui sont à faire peur. La ruelle derriere le restaurant avec ses faux-vrais cartons fait vraiment studio monté en 3 minutes chrono. La majorité des trucages sont plus que grossier et bassement téléphonés. Les rares scènes en extérieur sont uniquement là pour nous faire penser et rappeler que l'on est sensé être à Rome.

- Dans tous les Bruce Lee (et donc dans celui ci aussi) on se demande toujours pourquoi des armées d'assaillant s'attaquent à BL 1 à la fois ou parfois par 3 mais en tout cas bien gentiment dans l'ordre pour se faire méthodiquement dégommer. Ils sont tous laissés pour quasi-mort mais se relèvent tous ensuite, et réapparaissent immanquablement pour la bastonnade suivante (on comprend qu'ils n'ont pas fait Science Po ou l'ENS, mais c'est normal, ils sont à la solde du méchant, donc ils font ce qu'on leur dit)

- Les méchants ont des rires et des postures de méchants dignes d'une scénette de l'école primaire de mes enfants (les maitresses font mieux).

- L'image : pour masquer la pauvreté de certains ages, on rajoute de l'ombre et on laisse le spectateur s'imaginer; Ce n'est pas du grand cinéma.

- Bande son est d'une inventivité et d'une qualité assez affligeante, meme pour les années 1970. On retrouve une ritournelle "façon Ennio Morricone" (a t il donné son aval ?). Les râles des nombreux assaillants sont toujours mal interprété (Euh "va y Tao, râle un coup comme si t'allais mourrir", "Aaahhh", "OK ca ira, suivant !"). Finalement il n'y a que les bruits de tissus froissés, les claquement secs des batons, les sifflements des flechettes, et.... les cris de BL qui ont "du charme"....

Et donc j'y viens ... Le charme du film !

Le SEUL intérêt des films de Bruce Lee est le produit BL lui même. C'est lui qui incarne le film et cela est finalement suffisant. Sa virtuosité dans l'action, ses mimiques de concentration, ses craquements d'articulation pré-combat (ce n'est pas une marque d'échauffement pourtant!, cela a été repris depuis comme un standard), ses cris, ses chorégraphies ultra rapides qui ont inspiré bien des films des 50 derniers années. Je comprend que l'on puisse ne pas aimer, mais c'est quand meme plus que pas mal du tout et selon moi digne d'être érigé en Art.

Il faut se replacer mentalement au début des années 70 (post 68, flower power, pas encore de crise du pétrole...). Judo, Karaté, KungFu sont des notions assez évanescentes voire inconnues dans l'esprit des gens. Tout est un peu pareil. Hors de l'Asie on ne sait pas bien ce que cela veut dire ni ce qu'il y a derriere. Et donc on mélange tout pour peu que cela fasse spectacle. Et cela, BL l'a bien compris.

Regardez des vrais combats de judo des jeux Olympique des années 69 à 72 et vous verrez. Meme ces vrai combats avaient l'air pataud en regard de ce produisait BL.

Donc, oui le film ne vaut pas grand chose dans le fond, mais ça distribue des coups de tatanes, de poing, de savate, de manchette, de fléchettes, de nunchaku, à tout vas. Vous pouvez copier coller toutes les scènes entre les différents films, cela ne change rien (ou pas grand chose). Simplement, "La fureur du Dragon" est certainement un des meilleurs mix de tous les films de BL.

Coté notes, on verra dans les critiques des 2 ou des 9 selon la sensibilité de chacun. Je vais mettre un 6 moyen, mais qui ne reflète ni les pauvreté apparente de l'ensemble, ni le mérite de BL d'avoir démocratisé et apporté au public ce style de cinéma. Ses prestations demeurent quand meme époustouflantes.