La Ferme du pendu
7.1
La Ferme du pendu

Film de Jean Dréville (1945)

Miteux l'aura pas

Pour expliciter ce titre, assez étrange mais finalement adapté, il faut commencer par situer le cadre : la campagne nantaise, une famille de paysans réunis dans une de ces grandes fermes que compte le pays. L’époque : probablement avant-guerre. 3 frères et 1 sœur qui se retrouvent, à la mort du père, à devoir envisager l’avenir. En fait c’est tout vu car l’aîné, le François (Charles Vanel), est un farouche péquenot à l’ancienne pour qui la seule loi qui compte, c’est la tradition. Hors de question donc de diviser le domaine, tout le monde reste à la maison, personne ne se marie, et rien ne sera vendu. Evidemment ça ne convient pas trop aux autres, qui commencent, doucement mais sûrement, à développer une détestation augurant un drame en rapport avec le titre, mais chut, ne gâchons pas le plaisir aux futurs spectateurs.

Car le plaisir est grand, malgré un léger bémol faisant la fin un peu moins prenante, ce film réserve de grands moments de bonheur, comme ce mariage au début, et ses traditions, superbement montrées. Des images sur les travaux des champs, les labours avec les bœufs, le battage dans la cour. Le film étant contemporain de ces objets, techniques et façons de vivre, il en émane une dimension documentaire ionnante. Son intrigue est aussi fort bien menée. Durant toute la première partie, on pense à Goupi mains rouges, tourné 2 ans avant. Un suspense qui se focalise évidemment sur le François, un rôle taillé sur mesure pour le Vanel, qui devait avoir des ascendants du côté du bocage breton. Bourvil tient un tout petit rôle (fausse piste pour le miteux du titre), par contre c’est son double ou son frère jumeau qui lui pique la vedette (Alfred Adam, qui joue un obsédé sexuel, plus costaud et un poil moins laid). Les enjeux tournent autour d'une femme et d'une terre, rien de plus universel (c'est pas si loin du western en fait).

Je recommande donc cette rareté. Un film rural d’après guerre, ça vous a tout de suite des airs de fête, emprunts de nostalgie, qui ne peuvent faire que du bien.
8
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le 12 août 2013

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Artobal

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