Comme une envie de Bisset

Voilà une comédie policière peu susceptible de captiver la jeune génération, en raison d'un rythme lent qui engendre un certain nombre de longueurs. C'est vraiment le gros défaut du film de Luigi Comencini, qui aurait gagné à élaguer son récit d'un petit quart d'heure pour atteindre le format d'une heure et demie, idéal pour ce type de divertissement.


A titre personnel, nonobstant ce problème, j'ai beaucoup aimé ce mélange de comédie de moeurs à l'italienne et de polar whodunit au sein de la bonne société turinoise.
C'est vraiment ce dernier aspect qui intéressait le plus Comencini : esquisser un portrait satirique de la grande ville industrielle du nord de l'Italie à travers ses habitants, et en particulier ses élites (aristocratie, grande et petite bourgeoisie, même si le petit peuple n'est pas oublié dans le jeu de massacre - à l'image des domestiques calabrais, feignants, lâches et mesquins).
Finalement l'analyse sociologique sera minorée au profit de l'enquête et des gags, selon la volonté des producteurs, mais il nous reste au moins la promenade touristique, la ville de Turin filmée par Comencini apportant une atmosphère singulière au film - soulignée par la partition de Morricone.


Sur le plan de l'humour, "La Donna della domenica" alterne provocations un peu lourdingues (la fabrique de phallus), ages burlesques assez hilarants (la scène de la rafle m'aura arraché de francs éclats de rire), et drôlerie plus subtile, parfois intégrée au sein de dialogues souvent soignés.


L'enquête policière n'est pas négligée dans le scénario concocté par le tandem Age et Scarpelli, et le suspense sur l'identité et le mobile de l'assassin reste entier jusque dans les dernières minutes, après un joli climax lors d'une longue scène au marché aux puces, dans le quartier du Balon.


Si "La Donna della domenica" se révèle aussi plaisant, c'est aussi grâce à sa distribution internationale de prestige : Marcello Mastroianni campe un commissaire sympathique jusque dans ses contradictions, Jean-Louis Trintignant se régale en incarnant un aristocrate homosexuel, tandis que Jaqueline Bisset irradie de beauté et de malice malgré sa choucroute ridicule (dévoilant au age sa jolie chute de reins, elle qui fut souvent avare de ses charmes dénudés).
A noter aussi le très bon second rôle de Lina Volonghi en opposante hystérique à la décadence morale.

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le 12 nov. 2020

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Val_Cancun

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