La Divine m'a fait découvrir Ruan Lingyu, pas moins que ça. Actrice chinoise à la vie éphémère (elle meurt un an après La Divine, à l'âge de 24 ans), elle marque pourtant par sa classe folle et un jeu expressif extrêmement mature pour son jeune âge.
Menant de front vie de prostituée et de mère, la première activité permettant d'assurer la seconde, le personnage de Ruan Lingyu se retrouve, suite à une rafle de policiers, entre les griffes d'un proxénète prêt à tuer son fils si elle ne le laisse pas l'exploiter comme il l'entend. Résignée, elle continue de mener sa vie, son "sauveur" sur le dos et son argent s'amenuisant au fur et à mesure que la présence de cet homme se prolonge. Mais c'est dans la figure de son fils qu'elle veut trouver son salut, en lui donnant une éducation convenable, contre vents et marées, ce qui n'est pas du goût de ces braves mères de familles, détentrices de la bonne morale.
Le jeu de Ruan Lingyu brille sur tous les tableaux : la prostituée, soumise au bon-vouloir de ses clients, reste d'une dignité absolue, tandis que la mère est mue par la dévotion qu'elle éprouve pour son enfant, puisant de la joie et de la force à chacune de ses avancées sur un chemin plus moral. Quand bien même elle ne soit pas recommandable de par son activité, étant obligée de fréquenter de mauvais bougres, l'amour qu'elle voue à son fils la grandit. Sa volonté de lui donner une éducation alors que tout s'y oppose et son tout dernier voeu font d'elle un personnage modèle, servie par une prestation tout aussi divine qu'elle.
Modifiée
le 26 juil. 2014