Film chopé tout-à-fait par hasard (j'ai vu Huppert sur l'affiche, j'ai vu que ça datait de 77, j'ai vite fait le calcul sur son âge, alors je me suis dit : fonce assouvir tes fantasmes de pervers). Bonne surprise.
M'est avis que ce film-là, Lucas Belvaux l'a vu et a servi d'inspiration pour son film "Pas son genre". On retrouve en effet la confrontation entre deux univers. C'est exploité ici de manière moins frontale, peut-être parce que l'auteur veut surtout parler de l'héroïne alors que dans le film de Belvaux, on sent un regard équivalent sur les deux protagonistes. Mais n'allez pas croire que le jeune homme est pour autant délaissé. Il serait d'ailleurs intéressant que je revois ce film en délaissant l'héroïne pour me concentrer sur son amant.
Le scénario est relativement simple. Il n'y a pas beaucoup de conflits, je suis donc étonné d'y avoir succombé. Peut-être parce que l'héroïne est tellement stoïque qu'on peut se permettre le doute : est-elle en train de lutter contre elle-même ou bien est-elle juste là ? Difficile de savoir. Elle seule doit savoir. N'empêche qu'il s'agit là d'une caractérisation en soi qui est exploité avec radicalisme. De même que son amant est bien construit et bien exploité (lorsque ses amis le considère à juste titre comme un gamin, je me suis alors remémoré ses premières scènes où il poursuit la belle rousse comme un gosse poursuit le marchand de glace). Les dialogues sont bons. la confrontation entre les deux univers pertinentes. Des petites scènes, très courtes qui en disent longs sur chacun (comme cette courte scène où la mère voit sa fille faire du bateau et puis un flashback de son enfance surgit, on comprend alors ce que ressent cette mère qui voit sa fille s'éloigner d'elle, prendre son envol).
La mise en scène est également réussie. Le découpage est sobre, efficace, cela n'empêche pas d'avoir une belle photographie mais aussi quelques plans intelligemment construits, ayant un sens (même si ça n'est pas pour autant génial). Le montage est également efficace : quelques longs plans, d'autres assez courts, le tout se mélange bien, créant un rythme assez particulier. La musique n'est jamais envahissante, elle intervient comme pour ponctuer quelque chose et puis redisparaît aussi vite. C'est agréable.
Les acteurs sont bons. Que ce soit ceux qui jouent les intellectuels ou les autres. C'est fait avec jusqu'au-boutisme. Et puis les personnages sont intéressants, y compris les secondaires, car on sent une caractérisation. Alors forcément, les acteurs s'amusent, il y a à manger là-dedans. Et puis il y a Huppert ! mais qu'est-ce qu'elle était canon dans sa jeunesse. Elle était un peu plus ronde, elle a d'ailleurs un très joli ventre. Et quelle bouille ! Et quel jeu ! Son interprétation apporte beaucoup au rôle ! Cela na pas dû être simple. C'est marrant parce qu'on sent déjà le côté frigide qu'elle donne aujourd'hui systématiquement à ses personnages, mais il reste encore une part d'innocence et de spontanéité. J'aimerais bien la revoir jouer ainsi dans un film récent.
Bref, j'ai é un très bon moment. Je ne suis pas sûr de pouvoir m'expliquer entièrement pourquoi j'ai autant aimé, si ce n'est pour le travail sur les personnages, amis tant pis, on ne peut pas toujours tout s'expliquer.