"Hustle" signifie « bousculade », peut-être « remous ».
Il s'agit sans doute des perturbations que la mort d’une adolescente, événement plutôt ordinaire pour un commissariat, apporte dans l'enquête de police, dans le labyrinthe éthique qui accompagne les inspecteurs confrontés à des injustices en chaîne et à des causes de malheur indistinctes et entremêlées.
Ou celles qu'elle produit dans le couple atypique d’un lieutenant de police et d’une prostituée de haut vol.
Ce bon polar suit donc d'une part l'enquête pour assassinat ou suicide d’une ado - la question est ouverte - mélangées aux péripéties du quotidien de deux policiers partenaires, Phil Gaines joué par Burt Reynolds et Louis Belgrave joué par Paul Winfield.
Un pere éploré, Marty Hollinger, rendu fou de rage par la mort de sa fille, joué par Ben Johnson. est celui qui bouscule la routine et les rails de l'adaptation policière aux misères rencontrées et aux abus que subissent les victimes et leurs proches : il harcele la police et il mène sa propre enquête, chaotique.
Le film montre bien l'adaptation et la résistance des flics aux pressions, et combien il est difficile pour eux de combattre même des anomalies dans la procédure, et notamment la morgue d'un notable liée à son statut social, un complice de mafieux, Leo Sellers, excellemment joué par Eddie Albert. Il est peut-être lié à la mort de l' adolescente, mais pas forcément de manière active. Il est par ailleurs client de la prostituée compagne du flic qui mène l'enquete.
On est dans un film centré sur le procédural, qui a donné d'excellents polars dans les années 70, avec ce côté frustrant, incertain, de l'enquête, qui apporte du réalisme, mais qui est ici perturbée en plus par une romance atypique.
En le revoyant 45 ans après sa sortie, il est impressionnant de constater le magnifique hommage rendu par Aldrich à Catherine Deneuve, alors âgée de 32 ans, dont le rôle de Nicole, prostituée amoureuse de Gaines le lieutenant de police, est très original.
Contrairement à beaucoup de polars d’action de ce type, les scènes avec l’héroïne ne sont pas réduites à la portion congrue, et plus encore, on est captivé à la fois par le personnage, la beauté et le jeu de Catherine Deneuve - le jeu très varié et expressif de son visage notamment, ce qui est surprenant de sa part (surprenant sauf si je l'ai mal regardée auparavant, ou trop comparé à la plante si vivace qu'était sa soeur Françoise Dorleac). On ne s’en lasse pas : que les derniers plans du film lui soient réservés est entièrement mérité.
(Notule de 2020 oubliée en mai 2025)