« It sounds like, well, just as though you're describing some form of super carrot.»
The Thing est le film étalon-mètre de l’épouvante fondée sur un principe fondamental : l’invisibilité. Sans moyens, il excite des trésors d’inventivité pour mettre en place une horreur omniprésente mais quasiment irreprésentable. Sur un film de 80 minutes, la quasi-totalité est dévolue à des discussions entre militaires et scientifiques progressivement bloqués dans une base au pôle nord. La découverte de l’objet volant est un exemple virtuose de ces idées : bloquée dans la glace, elle n’est visible que des hommes qui peu à peu se placent à sa circonférence et forment une ronde : choc, il s’agit d’un objet circulaire, et par conséquent d’une soucoupe volante que nous n’aurons jamais vue…
Le traitement réservé à la fameuse créature est similaire. Bloquée dans la glace, on n’aperçoit son visage que partiellement, à la 37è minute. Vivante et visible, à la 55è, pour une durée totale de présence n’excédant pas 10 minutes sur la totalité du film. Le reste du film est un huis-clos (couloirs oppressants, rupture d’électricité, portes barricadées… tout s’écrit pour les décennies à venir du film d’horreur) où, autre idée géniale, c’est le froid invisible qui est l’arme la plus destructrice de l’alien.
Certes, la parabole sur la guerre froide est lisible dans les préoccupations d’un récit sur l’arrivée mystérieuse et colonisatrice d’un autre monde. Le film s’achève sur la phrase solennelle : « Watch the skies, everywhere! Keep looking. Keep watching the skies ! »
Mais les débats mettent clairement à mal l’autorité et donnent à l’œuvre une dimension clairement satirique. Tout d’abord par le commandement arrivant par intermittence via une radio défectueuse, toujours à côté de la plaque, en retard sur les informations et donnant à posteriori les mauvais conseils, occasionnant les sarcasmes du journalisme.(«So few people can boast that they've lost a flying saucer and a man from Mars -all in the same day! Wonder what they'd have done to Columbus if he'd discovered America, and then mislaid it »). Ensuite, le scientifique fanatique qui devient l’ennemi intérieur et propage l’invasion extraterrestre. Reste le bon sens du bon capitaine de base, son humanité se fondant avant tout sur l’humour : dans sa séduction de l’assistante (une relation très screwball, réparties et coups bas fusant en permanence). Le journaliste, lui aussi, à travers son regard rationnel et désireux de raconter plus tard tout ce qu’il voit, est la figure du spectateur face au film d’épouvante : séduit, cynique, affirmant crânement qu’il ne prend pas, et qui, au moment de prendre LA photo qui prouverait tout, s’évanouit.
La critique du remake de Carpenter :
http://senscritique.voiranime.info/film/The_Thing/critique/26424932
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