Avec cette "Chambre du Fils", Moretti ne nous fait plus rire, mais il applique toute son intelligence et sa rigueur à ce portrait (trompeur) d'une famille détruite par la mort du fils. Il parvient à figurer la douleur la plus profonde sans jamais sombrer dans le pathos et le goût des larmes, si caractéristique du cinéma de l'émotion, et livre une vision presque entomologiste du travail de deuil. C'est que, derrière la simplicité apparente du sujet, et la réalisation très "ligne claire" qui le soutient, se dessinent les obsessions habituelles de Moretti, sur la Parole et la Loi, subtilement représentées comme cause ultime du malheur. [Critique écrite en 2001]