De la magie, et des ratés

Première séance ciné de 2025, pour l'une de mes plus grosses attentes de l'année. Le dernier long-métrage d'Almodóvar ayant effectivement plutôt fait sensation lors de son age en festival, et notamment à Venise, où il a remporté le Lion d'Or.

Bon, ce n'est pas peu dire que le début de l'œuvre m'a quelque peu refroidi. Le film s'ouvre sur 20 minutes assez catastrophiques, plombées par des caractérisations grossières et un ton sacrément mal dosé. Évidemment, Almodóvar n'a rien perdu de sa maestria artistique, et la réalisation est absolument splendide. Le cinéaste espagnol dépeint ses traditionnelles couleurs chaudes, dans les décors et les costumes, offrant bon nombre de plans marquants à son spectateur. Mais tout cet attirail visuel semble bien vain à côté de l'insignifiance du récit. La séquence de l'incendie en est le parfait exemple, la photo et la colométrie sont superbes, mais c'est terriblement grossier, mal interprété, et inconséquent. Les flash-backs et autres histoires défilent sous nos yeux, et on finit par sérieusement se demander l'intérêt de suivre ces petits bourgeois se contant leurs exploits és.

Heureusement, l'œuvre rectifie (drastiquement) le tir, en abordant enfin son sujet principal : la thématique de la fin de vie. Tout semble alors beaucoup mieux s'emboîter, et notamment les interprétations, qui paraissent infiniment plus authentiques. Julianne Moore est magnifique de justesse, mais c'est bien Tilda Swinton qui crève l'écran, absolument bouleversante à chaque minute d'écran. Porté par un très bel accompagnement musical, le long-métrage finit par être régulièrement touché de purs moments de grâce, confrontant ces deux êtres aux visions radicalement différentes : celle qui attend la mort, et celle qui la fuit. C'est certes très imparfait, ça frise régulièrement le mélo bourgeois au sentimentalisme boursoufflé, en plus de ne pas toujours savoir quoi raconter. Mais La Chambre d’à côté baigne régulièrement dans un émerveillement et une magie rare, qui m'a accompagné bien après la fin de ma séance.

On sent que derrière cette ébauche très imparfaite, réside un potentiel très grand film. Et c'est bien dommage.


Mon compte de critiques ciné sur Instagram :https://www.instagram.com/le_videoclub_/

7
Écrit par

Créée

le 8 janv. 2025

Critique lue 150 fois

10 j'aime

Le_Videoclub_

Écrit par

Critique lue 150 fois

10

D'autres avis sur La Chambre d'à côté

Sonate atone

Peu de surprise à la présentation du nouveau film de Pedro Almodovar, qui creuse le même sillon des portraits de femmes, des liens familiaux, de la maladie et de la mort. L’innovation est à chercher...

le 14 janv. 2025

42 j'aime

6

Qu’as-tu fait à la guerre Pédro ?

Amorcée depuis plusieurs années, l’évolution du cinéma de Pedro Almodovar vers une forme d’expression plus dramatique, revêt avec « La chambre d’à côté » un caractère beaucoup plus radical, en se...

Par

le 8 janv. 2025

39 j'aime

2

L'euthanasie selon Pedro

Pedro Almodovar a toujours su mettre les femmes à l'honneur dans son cinéma et son dernier film ne déroge pas à la règle. Puis le plus habituel encore, c'est que c'est une nouvelle fois magnifique.La...

Par

le 24 oct. 2024

28 j'aime

3

Du même critique

Laetitia Dosch a du sang sur les mains

Dans la liste des incompréhensions totales de l'année, on pourra aisément insérer le nouveau long-métrage des frères Larrieu. Unanimement acclamé par la critique, Le Roman de Jim est au mieux un...

le 25 août 2024

79 j'aime

12

Pour le meilleur, et le vampire

Ryan Coogler est notamment le scénariste et réalisateur de Black Panther et Black Panther: Wakanda Forever. Autant vous dire que j'accourais à la première séance du mercredi matin pour découvrir son...

le 18 avr. 2025

42 j'aime

2

Not Ready Player One

Je ne m’inflige jamais les Netflix Originals (par instinct de survie cérébral), mais j’ai fait une concession aujourd’hui. Après tout, je suis censé avec ce compte couvrir un minimum l’actualité «...

le 14 mars 2025

25 j'aime