Le « syndrome deuxième film » allait-il frapper ? Vous savez, celui où, après un premier titre pleins de promesses, l'espoir placé en un réalisateur se transforme en déception à la sortie de son nouveau titre ? Concernant « La Belle Époque », j'ai un peu envie de répondre oui et non. Oui, car je n'ai pas retrouvé le lyrisme, la ion qui se dégageait de « Monsieur et Madame Adelman », sur un sujet pourtant moins original qu'ici. J'ai mis du temps à rentrer dedans, notamment en raison d'un point important : l'écriture. Alors c'est en partie voulu, mais cela manque singulièrement de naturel, au point de sonner faux à plusieurs reprises, impression finissant par s'estomper sans disparaître totalement.
Nicolas Bedos aurait pu emmener cette histoire jusqu'au vertige, pousser loin la mise en abyme, presque en faire un « Truman Show » français, complexe, déroutant... Nous n'en sommes pas là. Non, car même à moitié exploitée, cette idée de revivre à travers un décor de cinéma un jour, une période, une époque adorées, je trouve ça vraiment chouette. Ce pouvoir de l'illusion, cette nostalgie, souvent associée à un sentiment amoureux très fort, est rendu avec une certaine ferveur par le réalisateur, aimant ses personnages, mêlant souvent habilement leurs destins à travers un récit offrant quelques vrais beaux moments, le choix du casting s'avérant souvent payant : Daniel Auteuil est impeccable, Guillaume Canet plutôt bon et Doria Tillier, comme toujours, sublime, rendant totalement crédible cette fascination que les deux héros ont pour elle : c'est à mon sens LA grande découverte du cinéma français ces dernières années. Un peu plus réservé (comme souvent) sur Fanny Ardant, mais bon, ça e sans trop de souci.
De quoi sortir légèrement frustré, donc. L'humoriste de formation aurait gagné à plus de fantaisie, moins de lourdeurs dans certaines scènes. Je le répète : il y avait de quoi faire un grand film n'apparaissant jamais sous nos yeux. Mais la tentative rester à saluer, se regardant avec un certain plaisir par son amour du cinéma, son rapport à l'illusion, à la technique, au monde en général et au é en particulier. À défaut d'adorer, j'ai apprécié : même (très) imparfait, je préfère grandement le cinéma français quand il ressemble à cette « Belle Époque ».