Il y a des oeuvres qui résonnent en nous, on ne sait pas trop pourquoi, et qui animent un réel intérêt de spectateur. La Belle Epoque rend possible le rêve des plus nostalgiques d'entre nous ; la possibilité de vivre ou revivre une période, personnelle ou historique, du é. Outre le fait que le concept rappelle fortement Truman Show ou Westworld, la mise en scène de cette équipe d'artistes au travail pour recréer des scènes du é est extrêmement ludique et ravive avec la plus grande efficacité notre nostalgie. On aimerait y être ! Autour de ce fil rouge s'articulent des histoires d'amour fanées, tourmentées, usées, interprétées par un bouquet d'acteurs étonnant. C'est donc dans cette théâtralité faite de murs en carton-pâte, de costumes sur-mesure et de comédiens dévoués à la fiction (la fiction dans la fiction) que ces histoires d'amour vont retrouver de leur splendeur. C'est drôle, très touchant mais en même temps mordant et original. Parler du temps qui e avec autant de poésie et d'universalité est un défi de taille que Nicolas Bedos relève et maitrise avec talent. La mise en scène de cette comédie chorale s'éparpille par moment mais revient toujours sur ses rails, servi par des comédiens très justes. C'est d'ailleurs eux qui m'ont tout de suite emballé, en particulier le regard naïf de Daniel Auteuil, saisissant d'authenticité. Il livre une palette d'émotions riches et lorsqu'il joue, on aperçoit l'enfant qui sommeille en lui, ce qui est beau et rare ! Fanny Ardant est super, notamment grâce à ses dialogues directs et piquants, qui "naturalisent" son élocution très singulière qui d'habitude, m'horripile. Et quelles retrouvailles pour ses personnages ! J'en ai eu la larme à l'oeil. Doria Tillier, dans le rôle d'une comédienne multifacette, surprend par tant de ressources, entre force et sensibilité. Pour ma part, ça faisait longtemps qu'un film français ne m'avait pas autant emballé ; j'avais le sourire en permanence, et l'émotion m'a gagné plus d'une fois. Quel concept !