L’Ultime braquage : élégance glacée pour un film tiède ?

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Braquer quoi, sinon le réel ? Kasper ne vole pas des billets, il tente d’arracher un contour à l’effondrement. L’Ultime braquage n’en est pas un. C’est un refus. Une contorsion. Un homme tire sur les jours comme sur une manche trop longue. On s’attend à l’explosion ; Hviid offre l’abrasion. Ça racle. Lent, plat, presque droit — jusqu’à ce que ça glisse, sous la peau, entre les silences.


Un plan fixe devient soupçon. Une coupe sèche déplace le cœur. Le rythme ? Inexistant, ou alors c’est nous qui avons perdu l’aiguille. Ça ne pulse pas, ça veille. Kasper, redevenu variable anonyme après les cellules, s’agrippe à l’ombre d’un job, d’une chance, d’un camouflage. Slimane recrute, le système digère. On croyait regarder un thriller : on mate une lente noyade.


Et puis cette lumière. Ni jour ni nuit. Un gris comme un oubli. Le Danemark déteint sur les visages, les visages se dissolvent dans le décor. Gustav Giese joue en apnée. Amanda Collin ferme les portes sans faire de bruit. Tout le monde attend que quelque chose craque. Rien ne craque. Juste un long couinement existentiel.


Le casse devient une idée plus qu’un acte. L’attente devient stratégie. Mais stratégie de quoi ? Survivre ? Se souvenir ? Se perdre ? Ce n’est pas vraiment clair, et c’est tant mieux. On rature les genres, on fuit le climax. Le polar devient contemplation, le drame évite l’intime. Hviid fait du bruit avec du vide.


La caméra tremble sans main. On sent le froid jusque dans les silences. Les dialogues ? Fins comme des coupures de papier. Chacun parle comme s’il avait oublié comment. La musique n’en est pas une : pulsations, respirations mortes. Un écho sourd de ce qui aurait pu.


On sort secoué, pas bouleversé. Pas touché, mais piqué. Un peu de sel sous la peau. Un film saboteur, qui refuse l’adhésion facile. Un objet sans manche. Ni spectaculaire ni raté. Un entre-deux, instable, fragile. Pas vraiment un film à voir. Plutôt un film à porter.

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Le-Général

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