L'Insoumise
7.2
L'Insoumise

Film de William Wyler (1938)

L'Insoumise par drélium

Film superbe, intime et prenant où William Wyler montre avant "Gone with the wind" comment mettre en scène une chieuse de la pire espèce des inables tout en n'oubliant jamais de bien lui montrer régulièrement que le monde ne tourne pas autour de sa petite personne, différence centrale avec "Autant en emporte le vent" qui insiste beaucoup sur l'aveuglement de Scarlett en nous dissimulant habilement des pans importants de la vie réelle des autres personnages, se concentrant davantage sur Rhett Butler pour la remettre brillamment à sa place.

Jezebel se révèle plus complexe. Dans la première partie, Julie l'insoumise défie toute autorité en particulier celle de son fiancé trop tendre et moderne pour lui mettre un bon coup de canne à l'ancienne. Son âme si pure d'enfant amoureuse et choyée défie dans le même élan les traditions aristocratiques sudistes trop rigides. Ce sont pourtant ces mêmes croyances, le bienfait communautaire et ses origines familiales qui la portent ensuite pour mieux défier Amy, la femme venue du Nord. Elle aussi, brune éclatante, existe de par ses origines, aime le beau et décidé Henri Fonda et tente de rester digne face à cette ion du Sud, cette femme aux cheveux rouges qui voit rouge et veut porter sa robe rouge. Amy devient comme prisonnière de ce Sud qui commence à sentir la mort avec l'arrivée de la fièvre jaune et les duels à mort dont les hommes discutent dans les bars huppés.

Au contraire d'Autant en emporte le vent, Amy n'est pas une Melanie aimante jusqu'au bout des ongles complètement aveuglée par l'amour cristallisé presque aberrant qu'elle porte pour Scarlett. Amy subit réellement l'histoire du Sud et les jeux dangereux de sa rivale ce qui équilibre brillamment les points de vue.

(Toutes ces comparaisons restant secondaires, "Autant en emporte le vent" demeurant un chef d'oeuvre qui parvient à transcender la chieuse pour d'autres raisons...)

Plus flamboyante et poussée encore, la rédemption finale est une véritable prouesse d'équilibriste de Bette Davis où la chieuse, toujours là imprégnée dans son regard telles des fusées, ouvre enfin les yeux sur la réalité.

Brillamment démoulé avec un contexte creusé en profondeur, les personnages secondaires captivent et Henri Fonda est déjà impérial, Margaret Lindsay est belle et Bette Davis au sommet de son art. L'opposition Nord-Sud est ionnante et littéralement incrustée dans le face à face entre ces deux femmes et leur amoureux disputé. Plusieurs fois, je me suis surpris à lancer des BAM! tant les situations sont délicieusement tricotées et dialoguées avec un amour de l'impact romanesque, entre l'exagéré qui démange et le subtil qui caresse.
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le 20 avr. 2013

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drélium

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