Sans doute l'un des films les plus réputés de feu Zulawski. Loin d'être mon préféré parmi les métrages du génial cinéaste polonais L'important c'est d'aimer reste néanmoins une oeuvre majeure dans l'Histoire du Septième Art : un drame finalement inclassable, débordant de style et d'émotions en tous genres, au coeur duquel Andrzej Zulawski hisse ses acteurs et actrices au rang de montagnes... avec en point d'orgue la célèbre scène d'ouverture, mise en abyme sublimée en quelques secondes par la bouleversante Romy Schneider !
Le casting du quatrième film de Andrzej Zulawski fait figure de formidable destinée : entre un Jacques Dutronc impeccable en boute-en-train meurtri, un Michel Robin excellent en vieux garçon alcoolique, un Fabio Testi très physique et un Klaus Kinski s'acceptant de façon terrifiante L'important c'est d'aimer ne parle finalement pas d'autre chose que de jeu(x). Sous toutes ses formes. Dramat(urg)ique en diable cette nuit américaine façon Zulawski témoigne d'une élégante densité. On y sent de manière évidente l'essence du cinéma du regretté réalisateur : un Art-somme utilisant les moyens de l'image et du son en y incorporant sa verve littéraire et son goût prononcé pour le théâtre et la comédie.
Il y a quelque chose de joliment godardien dans ce film sur l'amour et ses rôles multiples. Ainsi la partition grave, élégiaque de Georges Delerue renvoie instantanément au thème-leitmotiv du Mépris. Par ailleurs la mise en scène et l'atmosphère évoquent à maintes reprises l'un des plus grands chefs d'oeuvre de Fassbinder : l'éloquent Prenez garde à la Sainte Putain, autre film sur le cinéma, ses possibilités et ses limites. On s'est ( à juste titre ) énormément attardé sur la prestation de Romy Schneider lors de la sortie du film en 1975 : l'actrice porte en grande partie cette étude cinématographique et sentimentale sur ses épaules... Dutronc est de son côté impérial en homme pathétique un brin complaisant, juste dans chacune de ses frasques tragi-comiques !
Reste donc le sentiment d'un film assez remarquable, libre et tout sauf apathique... Je lui préfère cependant la frénésie constante d'un bijou tel que L'amour Braque ou encore la puissance horrifique d'un Possession. L'important c'est d'aimer est un incontournable à voir et à maturer. Superbe.