Faisant suite à "Persona", "L'Heure du Loup" nous fait suivre un couple composé d'un peintre, Johan, et de sa femme Alma qui s'établit sur une île isolée du monde. Mais tout changera lorsqu'un jour elle découvrira le journal intime de son mari...
Bergman nous offre un récit d'une rare puissance, parfaitement bien mis en scène où il met en place une atmosphère oppressante, angoissante, claustrophobe et violente. Abordant plusieurs thèmes tels que la peur ou la schizophrénie, il sonde une âme humaine torturée à travers ce peintre et toutes ses angoisses, cauchemars et visions. Il filme lentement cette descente aux enfers, à la fois de cette personne mais aussi du couple.
Le réalisateur suédois laisse souvent planer le doute et l'ambiguïté sur les visions du peintre et arrive à nous faire ressentir ses peurs et angoisses. Scotché du début à la fin, il rend son film de plus en plus étouffant, hypnotique voire fascinant, donnant de l'intensité aux moments forts et enjeux, sublimé par des séquences inoubliables à l'image de l'explication de l'heure du loup ou celle au château.
Derrière la caméra, Bergman se montre brillant, servant son récit sans lourdeur en usant de divers travellings et des plans participant pleinement à l'atmosphère générale, souvent sur le visage des protagonistes pour mieux nous faire ressentir leurs émotions et surtout leurs craintes. La photographie en noir et blanc est superbe, tout comme l'utilisation (même si c'est rare) de la musique. Bergman montre à nouveau tout son talent de directeur d'acteurs avec une grande Liv Ullmann dans le rôle d'Alma et un Max Von Sydow retranscrivant à merveille les peurs et la folie de son personnage.
Un film d'horreur psychologique maîtrisé d'une main de maître par Bergman pour nous faire ressentir toutes les angoisses des personnages à travers une atmosphère dure, oppressante et hypnotique tout le long.