La ion de Pasolini

Pour un premier Pasolini autant commencer par son œuvre majeure, son quatrième long métrage réalisé en 1964, l'adaptation biblique de l'évangile selon Saint Matthieu, récit le plus connu et le plus repris au cinéma.

Pour faire une parenthèse tout à fait inutile je dois dire que j'ai un rapport plutôt évasif et compliqué avec la religion catholique, j'ai été baptisé et fait ma première communion, enfin on ne m'a pas demandé mon avis forcément, j'ai toujours subis le catéchisme, cependant ça restait un bon moment pour se retrouver entre potes et se prêter des K7 vidéo, puis je me suis retiré avant la seconde parce qu'il fallait se lever le samedi matin et dans le même temps il y avait le Hit Machine, Dieu attendra parce que Charly et Lulu ça ait avant tout. Je ferme la parenthèse.

En vérité je vous le dis, c'est avec curiosité et crainte que je me suis attaqué à cette version, je pensais m'ennuyer ferme en subissant des logorrhées christiques, et pourtant dès la première séquence il s'est é un truc tout à fait stupéfiant, c'est ce cadre que pose le réalisateur, ce silence, ces regards entre Marie et Joseph, j'ai tout de suite été conquis par la simplicité de l'entreprise et surtout sa sacralisation picturale.

En vérité je vous le dis, Pasolini est un grand, il a volontairement choisit de reprendre quasiment mot pour mot les écrits pour les retranscrire en image et en musique (et pas des moindres, Mozart, Bach, Webern ...), et ce qui est vraiment fort c'est que malgré un certain désistement de ma part il a réussi à m'y intéresser, j'ai littéralement bu les paroles de Jésus et je dois dire que je n'ai quasiment pas décroché une seconde, comme fasciné et happé par le screen.

En vérité je vous le dis, la technique est saisissante, Pasolini prouve avec ce soucis de la composition et du cadrage que son œuvre se veut minutieuse, ces plans sont magnifiés tels des tableaux bibliques, avec au final assez peu de moyen il en extirpe quelque chose relevant de la perfection, c'est beau, c'est fascinant, c'est de l'art. Le seul défaut est ce cut parfois maladroit, les plans de coupes sautent aux yeux une ou deux fois, comme pour la musique, après ce n'est pas exagérément choquant, loin de là.

En vérité je vous le dis, cette mise en scène de Paso est l'énorme point fort de ce long métrage, car même avec une retranscription narrative extrêmement fidèle les acteurs réussissent l'exploit quant à le rendre crédible et captivant, au final très peu théâtral en évitant la lourdeur des textes réputés (d'un certain point de vue) comme barbants, je n'ai pas ressenti ce rejet que je craignais, non, ça fonctionne, on n'échappe pas à ces moments de grâce sublimes, donc la subjugation est forcément de mise aux yeux du spectateur, ou alors il faut vraiment être insensible.

En vérité je vous le dis, "L'Évangile selon Saint Matthieu" est un superbe film, Pasolini a réussi son pari, me faire aimer une adaptation biblique qui avait tout pour me rebuter, le test est é avec succès, bravo !
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le 29 oct. 2014

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JimBo Lebowski

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