Le bon dieu sans confession

Avec comme interprète principal, un Raimu qu’on croirait sorti d’un film de Marcel Pagnol, grandiloquent et gouailleur, tantôt colérique, tantôt mielleux et attendri, Jean Grémillon, le réalisateur du réalisme au lyrisme sombre, fait entrer la satire méridionale dans une dimension faite d’ambigüité et de remises en question sur les notions d’innocence et de culpabilité.


Le réalisateur laisse libre cours au jeu tout en extravagances d’un Raimu fidèle à ses rôles de méditerranéen pittoresque, auquel il est très aisé de s’attacher, pour mieux remettre en question les apparences et mettre à mal les notions de bien et de mal. Prenant le spectateur en otage d’un mensonge qu’il dévoile dès le début du film, l’intrigue étant rapidement dévoilée, il nous assène ce sentiment de culpabilité permanent d’avoir de l’empathie pour un assassin simplement parce qu’il est sympathique et a une bonne tête.


Usant plus d’artifices qu’à l’accoutumée, on dévoile beaucoup de choses dans les dialogues par exemple, et jouant moins sur l’ellipse et les ruptures de ton pour créer cette illusion de balancement permanent entre sentiments et ressentiments, apanage des œuvres de ce maître du réalisme noir, on retrouve quand même divers éléments de son style, la mer ou l’océan ne sont jamais bien loin.

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le 14 mars 2019

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Philippe Quevillart

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