25 ans après l'étape bretonne, j'ai suivi tonton Claude jusqu'à l'un de ces coins du sud de la où il fait toujours beau et chaud mais débarbouillé de tout accent chantant.
Dès le coup d'envoi, Chabrol expédie en quelques minutes des tranches de vie du couple Nelly et Paul pour résumer leur vie et nous familiariser : leur mariage, l'emménagement dans leur auberge, la naissance du minot...
Quelques paires d'années plus tard, le couple patauge dans le bonheur : l'auberge ne désemplît pas et ils s'aiment comme au premier jour. Pourtant...

Pourtant, comme un cancer qui se propage de jour en jour jusqu'à se généraliser, Paul souffre de jalousie. Dès le premier symptôme cette suspicion maladive va s'ancrer en lui et crescendo pourrir leurs vies. À sa décharge, les courbes de sa Nelly magnétisent les regards de tous les mâles des environs qui bavent comme des escargots !
Encore épargnée par les ravages du bistouri, elle jouit d'une beauté incendiaire la Béart, niaise aussi pour camoufler son côté allumeuse qui ronge Cluzet. Pin-up provinciale über sexy, encore plus indécente habillée que nue, elle est aussi bouleversante lors des 20 dernières dramatiques minutes qui fricotent avec le fantastique.
Cluzet, coiffé à la Thomas Croisière dans "Rain Man", est de tous les plans et très habilement, tonton Claude nous immisce dans le tourbillon de ses suspicions, d'une folie qui le grignote, de ses fébriles certitudes qui se muent en doute, d'un désespoir qui le gangrène...

"L'Enfer" est une démonstration de maîtrise de Chabrol : une réalisation sobre qui privilégie l'intensité de ses acteurs aux effets de style, un scénario classieux enrobé de dialogues ciselés jusqu'à une porte ouverte lors du final qui laisse le spectateur établir sa propre interprétation.

Mon humble cycle consacré à Chabrol est par ici : http://senscritique.voiranime.info/liste/Tonton_Claude/395073
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le 16 févr. 2014

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le 17 févr. 2014

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Laz' eïn

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