Deux ans après son premier grand succès ("Un condé"), Yves Boisset signe un nouveau film polémique, s'attaquant aux heures les plus sombres du pouvoir gaulliste, avec la fameuse affaire Ben Barka, certes abordée de manière indirecte (les véritables noms des protagonistes ne sont pas utilisés, et certains faits sont modifiés).
Derrière le ministre de l'Intérieur Raymond Marcellin, la censure fait tout pour interdire "L'attentat" (ou a minima pour édulcorer son propos), mais l'armada de stars internationales présentes au casting protègent finalement le jeune réalisateur vis à vis de l'opinion publique.
Au sein de cette distribution cinq étoiles, chacun joue honorablement sa partition, même si les temps de présence à l'écran restreints ne favorisent pas les prestations inoubliables. On retiendra tout de même l'interprétation habitée de Gian Maria Volonte en leader tiers-mondiste, et la présence charismatique de Michel Bouquet en avocat cauteleux, de Michel Piccoli en dignitaire cruel, et de Jean-Louis Trintignant dans la peau d'un type paumé, au cœur d'une affaire trop grosse pour lui.
Concrètement, la première partie qui présente le contexte n'est pas forcément exaltante, mais la deuxième heure parvient à captiver, en installant une vraie tension et quelques rebondissements.
Un bon thriller et surtout un film d'utilité publique, qui demeure encore aujourd'hui difficile à visionner (jamais rediffusé à la télévision).
A noter par ailleurs l'existence d'un film plus récent sur le sujet ("J'ai vu tuer Ben Barka" de Serge Le Péron) qui ne manque pas non plus d'intérêt, plus proche d'une véritable reconstitution.