L'Assassin
6.8
L'Assassin

Film de Elio Petri (1961)

Garde à vue

Découverte de ma part du cinéaste italien Elio Petri, à travers ce premier film intéressant à défaut d'être totalement captivant.


L'argument policier (le héros est-il l'assassin promis par le titre?) constitue un prétexte pour esquisser le portrait, émaillé de flashbacks, d'un homme peu recommandable - séducteur, lâche et vénal (incarnation de l'Italien moyen des années 60?). Heureusement, le beau Marcello Mastroianni prête ses traits et son empathie naturelle à cet anti-héros, ce qui vient compenser sa dimension détestable au yeux du spectateur.


Certains ont vu dans "L'assassino" les prémisses de la critique virulente des institutions italiennes qui irriguera l'œuvre à venir de Petri ; si les méthodes policières peuvent apparaître parfois douteuses, je ne suis pas entièrement convaincu, car l'enquête est menée de manière plutôt équilibrée. J'y vois davantage une volonté de confronter le héros (et le spectateur) à une expérience kafkaïenne, mettant en évidence le sentiment de culpabilité diffus qui nous habiterait tous en pareille situation.


L'un des atouts de "L'assassino" réside dans son ambiance hivernale et ses décors variés, entre intérieurs oppressants et extérieurs "exotiques", remarquablement cadrés par Elio Petri (plongées, perspectives, jeux sur les éléments du décor...).

Par ailleurs, au début et à la fin du film se répondent deux séquences tournées à l'aube, au cours desquelles la caméra parcourt les rues désertées de la capitale romaine, dans une atmosphère de petit matin d'hiver, immersive et cinégénique.


On pourra regretter en revanche le manque d'épaisseur des personnages féminins, réduits à la portion congrue : Micheline Presle incarne une Pygmalionne délaissée un brin caricaturale, tandis que Cristina Cajoni joue clairement les utilités en héritière naïve, et que Giovana Gagliardo en femme de chambre un peu trop dévouée ne dispose que de deux scènes.


Il faut dire que ce premier film n'excède pas 1H30, poussant Petri à se concentrer sur l'essentiel, et favorisant ainsi une efficacité narrative certaine, en dépit d'un rythme plutôt nonchalant.

7
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le 8 août 2022

Critique lue 79 fois

8 j'aime

Val_Cancun

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