Ce qui rend cet "Arnaqueur" plus qu'impressionnant, outre la beauté complexe du physique et du jeu d'un Paul Newman inoubliable, c'est sa capacité à cerner la tragédie humaine dans la trajectoire parfaite de boules de billard, jusqu'au bout d'une nuit noire : autour de la table, c'est une affaire de regards, donc de cinéma (défiance, confiance, trouille, goût du sang, tout cela circule dans les yeux des protagonistes), dans la salle enfumée, c'est un concentré existentiel avec les gagnants, les perdants, le bluff et la lutte pour la survie... Ce film poissard et désenchanté nous dit deux ou trois choses de la défaite et du dégoût de soi, des choses qui font mal parce qu'elles sont vraies. [Critique écrite en 2004]