Deux policiers sont envoyés en infiltration dans le milieu du X parisien. Ils vont devoir relancer un peep-show et pour ça ils ont une idée de génie : tourner des films pornos, à une époque charnière entre la libération sexuelle et le pouvoir exécutif qui tente d'étouffer sans non plus censurer.
Prenez l'insouciance et l'allégresse des années 80, séparez la bienveillance du moralisateur, mélangez jusqu'à obtenir un film à la fois social, engagé et policier, saupoudrez d'innocence et de sexy et vous obtiendrez l'amour est une fête, de Cédric Anger.
D'abord présenté comme un film érotique, il dérive sans complexe vers le thriller, joignant à merveille moments de grâce suspendu dans le temps et angoisse insoutenable mais sans la moindre violence, tout ici est psychologique.
Les deux flics, campés par nos Starsky et Hutch nationaux, Guillaume Canet et Gilles Lellouche, se laissent engloutir dans le monde porno qu'ils infiltrent. Tout ceci nous semble vulgaire, marginal et désolant pour la condition de la femme, surtout en 2018, mais le film nous replace dans la bienveillance de l'époque par rapport au marché du sexe, il nous rappelle que ces femmes sont là par choix et non par obligation, elles ne se sentent pas malmenées, ni rabaissées, au contraire.
Cette comédie retro pop est donc plutôt joyeuse, mais finalement inutile. Elle célèbre une époque bénie mais définitivement révolue. Des défauts ternisse ce feel good movie, notamment l'enquête, qui finalement n'est que peu exploitée tant le X prend le dessus. Le film est plaisant, mais il défile sous nos yeux sans que l'on soit vraiment impliqué et une fois qu'il s'achève on reste un peu incrédule face à une œuvre qui ne marquera probablement pas, on se demande encore quel était le but, le « pourquoi » du film, et on sort en se disant que le cinéma français n'est décidément pas une fête.