Un authentique chef-d'oeuvre kitsch et outrancier qui mélange allègrement horreur macabre, romantisme échevelé, esthétique Art déco et humour noir.
Au milieu de cette orgie visuelle et sonore, Vincent Price et son visage cireux rafistolé, jouant de l'orgue avec grandiloquence en cape rutilante annonce clairement la couleur - et quelles couleurs ! - dès son apparition : on est dans un pur délire qui ne se prend jamais au sérieux.
Il n'empêche que l'horreur est bien là, pas forcément sanglante puisqu'elle est librement inspirée des dix plaies d'Egypte ("G'Tach" pour les Hébreux) de l'Ancien Testament. Les bestioles (chauves-souris, rats, sauterelles) sont les premiers alliés du Dr Phibes dans sa vengeance implacable.
L'histoire n'a rien d'original, se contentant de suivre en parallèle l'enquête des policiers britanniques et les dix étapes de la quête vengeresse du docteur. Le scénario n'est qu'un prétexte pour aligner une hallucinante collection de meurtres tous plus tordus et spectaculaires les uns que les autres. Chaque meurtre relève de l'installation artistique sophistiquée. Je conseille particulièrement l'épisode savoureux de la tête de licorne en cuivre catapultée qui cloue littéralement une des malheureuses victimes au milieu d'une porte et qui se termine par un "dévissage" de ladite victime à hurler de rire.
Vincent Price, magnifiquement grimé, est sinistre et dément à souhait. Mais, le second degré est omniprésent.