Kung Fury
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Kung Fury

Moyen-métrage de David Sandberg (2015)

Itinéraire d'une déception

KungFury est une vraie déception. Malgré sa générosité apparente, il recèle trop de défauts le cataloguant inexorablement dans la section des navets. Dès le départ, Sandberg a fait les choses à l'envers : il a conçu une bande-annonce d'un film qui n'existe pas. Une fois le financement acquis, il a brodé pour tirer laborieusement son film vers la ligne des 30 minutes.


Ce qui est dérangeant c'est l'aspect assumé du mauvais goût. Sandberg veut faire un nanar, un objet filmique au décalage si prononcé qu'il vise le culte. Mais un nanar n'est pas un ratage intentionnel. Le navet devient nanar car son décalage est non assumé. On rit du nanar car son propos est traité au premier degré, ses acteurs son exécrables et sa technique générale catastrophique. Au fond, le rire provoqué par le nanar est celui de la comion et de l'empathie.


Sandberg use d'un procédé malhonnête et inscrit lui-même son œuvre au rang du nanar alors que seul le public a ce privilège. Structurant son film sur une BA explosive, il peine à développer quelque chose d'inventif. Kung Fury c'est de l'imagination pêle-mêle, désordonnée, nourrie à la geekitude. Une sorte de rêve sous acide mis en image au petit matin. Paradoxalement, le métrage pèche par son absence de rythme. Toujours dans le rouge, le film ne s'autorise aucun temps mort. Cette succession de climax étouffe le spectateur qui n'arrive jamais à retrouver ses repères. L’écœurement arrive assez vite comme un roller coaster avec 30min de descente. Pas de cassures, pas de fondations, pas de montée en tension ni d'enjeu pour échafauder un effet réussi. Le soufflé ne peut que retomber. er les 10 premières minutes, le film s'asphyxie sous son propre concept.


Alors oui, il y a certains moments intenses tant leur démesure ou leur absurdité flattent le cinéphile ou le gamer. Sandberg met le geek sous perfusion. Des guns, des boobs et des punchlines acnéiques. Le suédois détourne un genre créé malgré lui et viole ses codes pour servir ses intérêts, fortune et gloire. Les portes du 7ème art semblent s'être entre ouvertes pour lui. Espérons que ses prochaines intentions soient plus louables.

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le 4 juin 2015

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Alyson Jensen

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