Un long métrage qui s'intitule Rotule (Kneecap), du nom d'un groupe de hip hop nord-irlandais, ne saurait être mauvais. Ce n'est pas seulement le biopic de cette formation pionnière qui fait office de scénario mais aussi un manifeste exaltant sur la survie de la langue gaélique irlandaise, le tout dans un emballage a priori foutraque et exubérant, particulièrement mal élevé et jubilatoire. Dans un Belfast et furieux où la haine de l'impérialisme anglais se révèle cinglante, l'humour et l'excès de substances planantes créent un cocktail euphorisant qui ne s'autorise aucune minute de répit. Le mérite en revient aussi à la mise en scène inspirée et inventive de Rich Peppiatt, lequel, ironiquement, est un anglais pur jus. Le film se fiche du politiquement correct et le langage y est tout sauf châtié, dans une boule d'énergie vitale qui s'étend jusqu'aux interprétations hallucinées des principaux protagonistes, dont les membres de Kneecap, mais aussi des seconds rôles féminins, un peu en retrait, mais savoureux. Quant à Michael Fassbender, ses rares apparitions montrent un charisme immédiat qui n'a pas besoin d'être développé pour rendre crédible sa prestation de symbole de la lutte irlandaise pour conserver ses valeurs et son identité, face à l'arrogant voisin d'en face.