Nous aimons, adorons le Shane Black scénariste du jubilatoire Le Dernier Samaritain ou encore du prodigue et très ludique Last Action Hero : deux films aux qualités d'écriture formées de dialogues fendards et d'un rythme narratif toujours très bien soutenu... Cultes et jouant de traits d'esprit des plus désopilants les films respectivement réalisés par Tony Scott et John McTiernan ont pour eux d'avoir eu au poste concerné un scénariste hors-paire, cultivant un sens de la vanne et de la chute comique quasiment sans précédent dans le cinéma américain des années 80 et 90.
Nous aimons bien moins davantage le Shane Black réalisateur, livrant avec ce premier long métrage un faux-polar aux allures de pied-de-nez finaud et souvent agaçant, plombé par le jeu excessif et maniériste d'un Robert Downey Jr. cabotinant ad nauseam et par un Val Kilmer aussi inexpressif qu'oubliable dans la peau d'un détective privé principalement gay pour am la galerie... Michelle Monaghan en fait par ailleurs beaucoup trop dans son emploi de jeune femme ambitieuse et ambigüe jusqu'au cynisme, complétant malhabilement les mimiques exaspérantes de son partenaire Robert Downey Jr. ; en résulte un trio de comédiens étrange, dépareillé et sonnant faux tout du long pour lequel nous aurons bien du mal à nous attacher, et encore plus à nous identifier.
Le film n'est pas entièrement raté, doué de quelques jolies qualités d'écriture et d'une poignée de dialogues parfois assez sympathiques ; il échappe également plutôt bien à l'ennui et à l'indifférence, même si le côté "une vanne toutes les trente secondes" possède quelque chose d'assez exténuant sur la longueur. Toutefois l'ensemble demeure bien trop alambiqué et mal articulé pour réellement s'apprécier plus que de moitié, alourdi par un usage de l'auto-commentaire bêtement caustique et surtout assez antipathique in fine. Pas tout à fait déplaisant mais largement surestimé pour notre part.