Yippee-Ki-Yay, Motherfucker !
Cette suite est la dernière bête noire de la presse spécialisée, pour quelles raisons ? Les mêmes que pour son prédécesseur.
Bizarrement, je ne me suis pas précipité pour voir Kick-Ass 2 dans une salle obscure. Une appréhension de prime d'abord, que j'ai finalement atténué.
Le comique de certaines situations est parfois lourdingue, l'atmosphère du bahut dans laquelle on nous emmène avec une Mindy en écolière est moins sexy que le crados et l'irrévérence du premier épisode.
Il y a aussi cette confusion dans quelques bastonnades qui ont l'air d'être é au mixer, néanmoins ils ne perdent rien en punch et en furie. La réalisation est donc moins inventive et plus broussailleuse. Mais elle toujours très dynamique, très enclin à mettre en évidence l'élégance barbare des bandes dessinées. L'apparition de bulles pour illustrer des dialogues ne m'a pas déplu, c'est un petit plus appréciable.
Ce n'est un secret pour personne, ce qui fait le charme de la marque Kick-Ass, c'est cette bouffonnerie à toute épreuve, un humour sans port d'attache et terriblement décomplexé qui vient souvent ponctuer les scènes dites mouvementées. Dans ce deuxième volet, j'ai l'impression qu'ils ont foncé à toute vitesse dans le second degré, sans nuance et en y ajoutant des discours héroïques.
Toutefois, on tombe pile poil dans ce que voulait les fans, je suppose. Peut-être qu'avec cette suite directe, il y a un manque d'inspiration, mais l'aseptisation est évitée. Il y a toujours cette cool-attitude omniprésente, presque ringarde, même dans des moments supposés être tragiques.
Faut dire que l'équipe d'énergumènes qu'intègre notre héros en costume vert est une véritable parodie à elle-seule. Justice Forever qu'ils se font appeler, une sorte de Justice League du pauvre ! J'ai mis du temps avant de reconnaître le mec de Scrubs sous son déguisement de Dr Gravity. Pas physiquement parlant, hein, mais parce que c'était étrange de le voir comme... ça. Sa batte de lévitation doit faire putain de mal.
Le personnage de Jim Carrey est en retrait. Il n'apporte pas grand chose au récit, à aucun instant. Il vient juste pimenter l'action de ses coups fatals, tout en lâchant deux ou trois répliques déjà cultes.
Mintz-Plasse en Motherfucker, lui, c'est le craignos fou par excellence. Il est géant de conneries, d'ailleurs comme tout le reste du casting : Night Bitch, une justicière rousse. Un couple de vieux héros dont j'ai rien eu à carrer. Insecte Man, le binoclard homo. Battle Guy qui est... euh... le pote de Dave. Sans parler de Mother Russia, antagoniste mémorable, qui résulte d'une recherche de modèles primitifs.
Le personnage qui ressort le plus est Hit-Girl à coup sûr. Elle casse mieux que quiconque les burnes des enfoirés qui osent s'en prendre à elle ou à ses proches. Rarement une adolescente aura été aussi charismatique, simple et définitive. Elle continue de faire mouche, mais sa mise en valeur est susceptible de ne pas exercer le même attrait auprès de tous.
Le changement de réalisateur se ressent. Jeff Wadlow aux commandes, ça faisait peur, et il y avait de quoi l'être. Au bout du compte, ce n'est pas impeccable, et l'effet de surprise est en deçà. Les musiques non plus ne sont pas autant ravageuses qu'on était en droit d'espérer pour ce genre de divertissement boosté à l'adrénaline.
Une pointe de déception, car je ne retrouve pas la simplicité du premier qui m'avait foutrement emballé. Celui-ci donne un chouïa dans la surenchère. Malgré ces faux pas, je ne vais pas bouder mon plaisir face à ce qui restera un exemple de jouissance inimitable où les croisements opérés ne sont pas grotesques, mais over-assumés.