Kagemusha est le premier film scénarisé par Kurosawa. Le réalisateur place l’intrigue au 16e siècle et exploite un thème favori du cinéma : la dissimulation de l’identité. On ne compte pas les films qui ont fait appel à cette trame narrative. L’histoire mêle la grande histoire : les batailles de la période Sengoku appelée l’époque des royaumes combattants, et l’intrigue à taille humaine mettant en scène un souverain factice.
Kagemusha se déroule comme un livre d’images dont on tourne les pages. Et tout a commencé justement par un storyboard remplis de dessins réalisés par Kurosawa lui-même. Chaque plan a été mis sur papier avant de devenir un plan filmé. Le résultat est là. Pas de place au hasard, c’est du travail ciselé de composition. Certaines images sont de véritables pépites comme l’embrasement pourpre du ciel ou la lumière dorée dans laquelle se déplacent ou se battent les soldats ou bien encore la scène onirique qui est une pure merveille visuelle qu’aucune image numérique ne pourra égaler !
La reconstitution historique de l’époque est convaincante. Il faut dire que les costumes venaient des musées japonais ainsi que les armes. Et cela fait son effet, on n’a pas affaire à du toc.
Kagemusha trouve un parfait équilibre entre scènes d’action grandioses reconstituant les grandes batailles et scènes de la vie intime du faux souverain. Le drame se noue à l’intérieur de ces séquences où les hommes meurent au combat et ces séquences où cet homme doit se faire er pour celui qu’il n’est pas, devenant ainsi l’ombre d’un autre. Vaut-il mieux être un voleur livré à la misère voire à la condamnation à mort ou bien vivre au milieu de l’opulente richesse d’un souverain, servi comme un maître mais en perdant son identité propre, sa spontanéité, ce qui fait que l’on est soi et pas un autre ?
« L'ombre d'un homme ne peut jamais abandonner un homme. » et peut-être peuvent ils finir par se redre et à se perdre l’un dans l’autre.