The Dead Don't Hurt

Un western classique en 2024, c'est toujours bon à prendre ! Je m'amuse toujours à voir le genre classique ne jamais finir de renaître de ses cendres tandis que le genre crépusculaire (spaghetti and co), comme son nom l'indique, ne peut que mourir …

Trois critiques sur SC à la base (deux positives et une négative (*)) avaient bigrement attiré mon attention au moment de la sortie du film. Surtout celle, négative, qui concluait que le film réentreprenait, "en très largement moins bien, ce que les Peckimpah, les Siegel et les Eastwood avaient déjà fait" ! C'était la touche finale qui ne pouvait que me convaincre …

Et pourtant, au début du visionnage, j'ai eu une frayeur car je me suis dit que Viggo Mortensen avait pris la direction mortifère et crépusculaire et puis non, c'était une fausse alerte. D'autant, que le montage des différentes époques qui se croisaient n'était pas évident à comprendre. Surtout que Mortensen mélange allègrement trois périodes "actuelles" et une de l'enfance de Vivienne, la femme. Et puis tout rentre peu à peu dans l'ordre des choses du mythe westernien avec des personnages aux caractères trempés, qu'ils soient bons ou méchants.

La mise en perspective de toutes ces périodes ajoute même de la profondeur aux personnages principaux. Par exemple, je trouve intéressant que Vivienne ait conservé ce rapport avec l'enfance où elle irait l'épopée de Jeanne d'Arc. Et je suis certain que la plupart des pionniers qui se lançaient à l'aventure, même s'ils avaient de fortes personnalités, avaient besoin de se rattacher, au moins intimement, à un solide référentiel.

Ce que j'ai apprécié aussi dans ce film, c'est que les personnages ne sont pas outrés et relèvent de gens ordinaires comme dans un western classique. Même le méchant n'est jamais qu'un fils à papa, d'autant plus fort en gueule qu'il se sent soutenu par son père quoiqu'il fasse.

Ainsi les deux personnages principaux, Holger Olsen (Viggo Mortensen) et Vivienne (Vicky Krieps) n'ont pas besoin de beaucoup de dialogues signifiant ainsi la profondeur de leur relation qui s'établit dans les regards, les silences ou bien la contemplation d'un même paysage.

Ce que rend bien le film, avec son tempo très lent, c'est l'immensité des paysages, le temps qui s'écoule lentement, le caractère immuable de l'espace dans lequel les gens vivent, luttent pour leur survie ou contre le mal.

Et puis avouons que Vicky Krieps (que je découvre) est impressionnante et très crédible en véritable femme de l'Ouest qui sait ce qu'elle veut, dans ce coin d'un Nevada désertique, au milieu de nulle part, au bout du monde.

(*) Abscondita, D.Styx et Plume231


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le 11 mars 2025

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JeanG55

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