Un film de procès très académique mais d’autant efficace, qui explore avec rigueur les dilemmes moraux des personnages et les failles du système judiciaire. Sur le modèle d’une tragédie, le scénario densifie progressivement les enjeux du héros jusqu’à l’ime. Malgré le recours à des stéréotypes pour les besoins de l’exercice, le film excelle dans la description des préjugés sociaux et des rouages imparfaits d’une justice loin d’être aussi aveugle et impartiale qu’elle devrait l’être.
Hélas, la mise en scène de Clint Eastwood manque d’aspérité et d’audace : trop sage, trop lisse, elle ne parvient pas à transcender son sujet. Ce qui aurait pu être un « grand film » se contente d’être simplement un « bon film ». Nicholas Hoult ne parvient pas à incarner son dilemme moral avec la profondeur et l’envergure nécessaires. En revanche, Toni Collette livre une performance solide en procureure carriériste tourmentée par les scrupules. Bref, bien que moins inspiré que dans ses œuvres majeures, Clint Eastwood parvient à offrir une variation bien construite et moderne des classiques du film judiciaire, à l’instar de « 12 hommes en colère » qui est la référence la plus évidente.