Ce film, je l'avais boudé à sa sortie. Non mais, sérieusement, les aînés à qui je m'adresse ! Oui ceux de mon âge, là ! Rappelez-vous l'énorme boucan médiatique que la sortie du film de Steven Spielberg provoquait ! Sans parler des produits dérivés qui étaient mis en vente : jouets, t-shirt, vaisselle pour faire ouvrir les porte-monnaie aussi largement que la gueule du tyrannosaure nous hurlant dessus!
Le film ? J'ai fini par le voir, à la télévision ou en VHS, peu importe ! Le tsunami médiatique était é depuis un long moment.
Avant de voir le premier dinosaure, des personnages sont présentés : le duo ou couple de paléontologues interprété par Sam Neill et Laura Dern, un mathématicien incarné par Jeff Goldblum et un agent d'assurance (Martin Ferrero me semble-t-il) qui, lui, ne voyant pas plus loin que sa paperasserie enfermée dans sa sacoche, finira assurément recyclé en un amas d'excrément d'un T-Rex qui ne se contentera pas que d'engloutir une chèvre qui lui sera servie sur un plateau. Tout ce beau monde est invité par le directeur du projet du parc jurassique, un vieillard (Richard Attenborough) dont ses yeux d'enfant voient beaucoup trop dans la démesure malgré la sagesse et la mise en garde de ses convives (sauf l'assureur qui pense au tiroir-caisse).
Dans ce genre de film, le cinéphile peut parfois se coltiner quelques personnages énervants. Cela ne loupe pas avec les deux mômes (les tout jeunes Ariana Richards et Joseph Mazzelo) qui ont des trognes tout droit sorties d'une pub Kinder. Vous savez, cette catégorie de gosse toujours premier de la classe, qui marque toujours des buts dans son équipe de foot, a qui il lui est donné une friandise chocolatée au lait pour le récompenser et qu'il montre tout fier comme un enfant de chœur, avec un sourire ingénu d'une blancheur trop clinique ! Ce qu'ils peuvent être détestables ces marmots ! Au début ! Il n'est pas difficile de compatir pour le docteur Grant à ce moment-là, dans une situation qui amuse sa collègue le docteur Ellie Sattler.
C'est au moment où tout partira en couille que ces mômes deviendront attachants, en affrontant la vie réelle. Ils seront aidés par Grant qui s'improvisera parrain d'adoption, malgré lui, dans la condition extrême de survie où vit une faune préhistorique ressuscitée par la science, pour le bonheur touristique à l'origine, puis pour le malheur de risquer d'être débouté du trône de la chaîne alimentaire selon l'espèce qu'ils risqueraient de croiser sur leur chemin instructif à l'occasion. Et grâce à qui ? Grâce notamment à un employé motivé par de mauvaises intentions, Dennis Nedry (Wayne Knight), qui, dans sa fuite sous le déluge, plus tôt, se prendra un gros crachat d'un petit saurien à collerette qui n'aura que faire d'être pris pour un toutou docile. La fatuité de l'humain, cupide autant que stupide ici.
Le gros T-Rex libéré a provoqué bien des émois et il valait mieux ne pas avoir de diarrhée quand ils vous criait à la figure. Mais ce serait sans compter les filous griffus et dentés, sans omettre leur intelligence redoutable dont parlait le gardien Robert Muldoon (Bob Peck), qui fait preuve d'un sang froid exemplaire dans le film : les tout aussi terrifiants vélociraptors qui se sont fait la grande évasion, après avoir tapé le bœuf en enclos. Cela donnera à une partie de chasse réciproque sans retour. J'ignore si ces sauriens véloces ont eu droit à du chocolat (de marque Kinder peut-être ?) étant donné que l'un d'eux a laissé un bras. Surpriiise, Ellie ! Et les marmots agaçants au début - qui auront une utilité cruciale en crackant un logiciel codé qui narguait Samuel L. Jackson -, ne seront pas encore au bout de leur peine dès qu'ils verront les silhouettes reptiliennes se faufiler, ce qui leur vaudra un coupage d'appétit de leur besoin vital en sucre avant le tintamarre tendu d'une batterie de cuisine. À cet âge-là, que voulez-vous : la gourmandise …!
De l'émotion, de l'émerveillement, du frisson, un peu d'horreur suggérée, de l'aventure, de bons effets spéciaux à l'ancienne (animatroniques en des plans rapprochés), de l'humour car il en faut quand même et une moralité sur le lien et les limites à ne pas transgresser envers la nature : Jurassic Park tient encore après toutes les années écoulées, ces dernières n'étant qu'une microscopique parcelle de temps sur le chemin de l'évolution qui, si l'être humain contemporain ne prend pas garde des maniements qu'il exerce par avidité et cupidité, risque d'être stoppée nette en ce qui le concerne.
Le premier film d'une première trilogie qui n'est pas prête d'être éclipsée par la plus récente qui est en cours au cinéma actuellement.