Vroum, vroum. Accrochez vos ceintures, allumez vos moteurs, c’est parti !
Harry (Robert Duvall) est un directeur de voitures de courses à la retraite qui mène une existence paisible dans sa ferme d’un état quelconque des USA. Il a troqué ses bolides de NASCAR contre un bon vieux tracteur qu’il a autant de plaisir à bichonner. Mais voici que vient le trouver son vieil ami, propriétaire d’écurie, pour lui demander de lui préparer une voiture pour le prochain Daytona 500. Il refuse au début, tout attaché qu’il est à sa campagne ; mais forcément le démon de la compétition reprend le dessus. "Je te prépare une bagnole, et tu me trouves le pilote. Et pas un tocard !"
Tout sauf un tocard, d’ailleurs. Voici nos vieux comparses en train d’attendre le pilote inconnu en bord de piste d’un circuit ovale quelconque, sur lequel Rowny (Michael Rooker), le pilote NASCAR du moment, vient d’effectuer quelques boucles impressionnantes de maîtrise. C’est le moment que choisit Cole Trickle (Tom Cruise) pour débarquer comme une fleur en Harley, s’installer dans la caisse de Rowny et battre le record du tour pour sa première conduite sur stock-car. Et même si l’on apprend qu’avant il pilotait sur monoplace, on a du mal à y croire, car Harry nous informe que "quand on vient de la Californie, on n’est rien, pas même un Yankee".
Le ton est donné entre cette joyeuse bande de têtes brûlées dont l’objectif reste Daytona 500. Après quelques courses ratées, Cole devient très vite la star du championnat de stock-car. Le métier rentre : queues de poisson, poussettes, toutes les crasses possibles imaginables font partie intégrante de la panoplie du champion. Dans tout ça, impossible de ne pas se faire des ennemis : Rowny devient alors le méchant que Cole affronte à chaque course pour la première place. Vient alors le jour tant attendu de Daytona 500. La course est bien lancée depuis plusieurs dizaines de tours quand, "carambolage au virage 4", on ne voit plus rien, la piste est glissante, que faire ? Rowny et Cole sont en train de se tirer la bourre et foncent entre les voitures accidentées. À la sortie du virage, Rowny part en tête-à-queue et Cole ne peut l’éviter. C’est l’accident, quelques jolis tonneaux et de belles petites flammes, sur une musique de synthétiseur affolé.
Hosto. Opération. Peur. Vont-ils s’en tirer ? Angoisse.
La deuxième partie du film se fait alors plus axée sur la réflexion (!), plus gnan-gnan aussi. On assiste néanmoins à une course de chaises roulantes entre nos deux as hospitalisés, aucun ne voulant arriver après l’autre au rendez-vous fixé par la jolie doctoresse (Nicole Kidman). Cole tombe sous le charme de la rousse assermentée d’Hippocrate, elle aussi ; mais ce n’est pas pour ça qu’il aura plus vite l’autorisation de reprendre la course. Pourtant, nous dit-il, "c’est la seule chose que je sais faire". On le savait déjà.
Le retour sur les ovales américains se résume à un duel entre Cole et son remplaçant Russ, qui en l’espace de quelques courses est devenu une vraie pute et le pilote n° 1 du championnat. L’apothéose de ce combat a lieu à Daytona 500 l’année d’après, où à la suite d’un suspense intenable Cole remporte la course. Mais, nouveauté, avec la voiture de Rowny qui lui a dû se faire opérer par un neurochirurgien suite à l’accident. Et parce qu’entre-temps, souf commune aidant, nos deux lascars sont devenus copains comme cochons et partagent les mêmes doutes du pilote dans une mauvaise e.
Vroum vroum, le drapeau à damiers s’abaisse enfin sous la forme d’un générique qui rehausse le niveau général du film.
Ainsi donc, Tony Scott, le réalisateur, nous offre une Cruisade fort agréable pour qui a apprécié Mission Impossible: 2. Tom Cruise nous dévoile tout son talent en rentrant parfaitement dans la peau de son pilote-un-peu-idiot-qui-ne-sait-pas-faire-autre-chose ; Michael Rooker nous enchante après ses fabuleuses prestations dans Replicant et Cliffhanger, et enfin Robert Duvall se balade avec aisance et distinction dans ce nanar mécanique, casquette vissée sur le crâne et l’œil brillant quand il bichonne ses voitures.
On aime : Robert Duvall, dans un rôle qui préfigure celui qu’il tient dans 60 secondes chrono. Michael Rooker, qui après Van Damme et Stallone côtoie de nouveau une grande star. Hans Zimmer, compositeur de la musique, qui nous démontre avec brio qu’il maîtrise à la perfection toutes les fonctionnalités de son synthétiseur Yamaha, surtout les touches qui font boum-boum...
On aime moins : Cruise et Kidman.
On adore : quand Robert Duvall parle aux voitures : "Allez, ma jolie, je vais te bichonner comme jamais, tu vas adorer le nouveau roulement que je vais t’installer ; et les suspensions, je t’en parle même pas"...