Je lis des critiques sur ce film qui m'intriguent par leur élan intellectualisant ; personnellement je n'ai jamais eu l'intention de recevoir Jacky au royaume des filles comme un film engagé.
L'oeuvre de Riad Sattouf, telle qu'on la découvre à travers Le Manuel du puceau, Retour au collège, No sex in New-York, Les aventures de Jérémie, et enfin les Beaux gosses pour couronner audio-visuellement le tableau, me semble avant tout témoigner d'un rapport à la femme surcomplexé : le personnage principal est toujours un pauvre mec, pleutre et obsédé sexuellement, dont les pensées nous sont rapportées avec une crudité assaisonnée d'autodérision. Ajoutons à cela Ma circoncision qui expliquerait sans mal la cruelle musulmanité connotée par les voileries que doivent porter les hommes dans le royaume de Bubunne.
Je trouve que Jacky au royaume des filles s'inscrit bien dans cet ensemble : si les rôles sont inversés, je l'ai surtout ressenti comme tenant du regard halluciné que l'auteur a du sexe beau : il est aussi fort, par rapport aux hommes peu accomplis que sont souvent les héros de Riad Sattouf. Certes les personnages féminins sont très caricaturaux, au point que l'inversion en paraisse bête et méchante : c'est là, à mes yeux, la représentation de l'inaccessibilité de la femme dans l'esprit du héros sattoufien (ce mot est très laid !).
Bien sûr, un thème comme celui-ci se mêle nécessairement de gender studies ; mais est-ce que l'on peut vraiment acc Riad Sattouf d'avoir eu la prétention intellectuelle de proposer un message philosophico-politique à travers ce film ? Parce que selon moi la plus belle qualité de cet auteur est son humilité, je ne le revendiquerai pas.
Modifiée
le 14 févr. 2014