J’ai conscience de mettre les pieds dans un nid de serpents en parlant de ce film ! oui, oui c’est vrai. Mais on va essayer de conserver un peu d’objectivité ? En effet comment er à côté d’un tel film ? pour la cinéphile que je suis, je dirais que c’est impossible. Nonobstant les histoires malsaines et scandaleuses qui collent à la peau du réalisateur. Qu’en serait-il si le metteur en scène était inconnu du public ?
En revanche était-il absolument nécessaire de lui attribuer un César ? Surtout celui de réalisateur, qui récompense l’homme ? Ravivant ainsi les polémiques… celui de meilleur film aurait été plus opportun à mon sens. Bref, ça n’est pas le sujet.
Pour ce qui est du film, je le classerais dans la catégorie des chefs-d’œuvre sans aucune hésitation au même titre que « le pianiste » ou la « liste de Schindler » ou encore « Sacco et Vanzetti ».
L’esthétique est parfaite. Le style rigoriste se prête au sujet et le sert irablement. La mise en scène est sobre et les dialogues sont nets et précis, sans excès. Le film nous distille une musique assez peu présente mais de haute qualité (de l’excellent Alexandre Desplat, spécialiste des B.O.).
Mon seul regret se situe au niveau de la prise de vue, pour moi trop sombre. Tout au début cet éclairage parcellaire m’a dérangé bien que je sois convaincue qu’il soit voulu. Les seules sources de lumière proviennent des quelques fenêtres sur lesquelles la caméra e sans s’y arrêter. Ces flaques de lumière engendrent des contre-jours qui accentuent le côté sombre. L’utilisation du sépia parfois renforcent la gravité du sujet. Globalement je trouve les éclairages sobres et minimalistes. Aurait-il gagné à être plus lumineux ?? la situation décrite n’est pas « joyeuse ». Un éclairage « printanier » ne lui aurait pas été. Et de toute façon tel était le parti pris du réalisateur, et ça en fait aussi tout son cachet. L’atmosphère pesante y est bien rendue par ces fondus de noirs.
Les scènes de nuit sont presque plus « lumineuses ». La pénombre y est moins prégnante, mais c’est un détail. Dans deux scènes, dans le bureau de Picquart, sa fenêtre ne s’ouvre pas (malgré les deux essais infructueux de Jean Dujardin). Un indice ? Une métaphore ? La vérité « engluée », les jugements « obscurcis » ? Je me suis prise à penser que le film « s’éclaircirait » à mesure que l’injustice sera dévoilée et que la vérité éclatera. La seule scène (de jour d’ailleurs et en extérieur) qui bénéficiera d’un peu de lumière est lorsque l’avocat de Dreyfuss se fera assassiner, ruinant par la même ma théorie de lumière pour rédemption.
Je ne reviendrais pas sur l’histoire connue et reconnue d’Alfred Dreyfuss. Qui ne la connaît pas ? Mais après tout peut-être était-ce quand même nécessaire pour les jeunes générations de rappeler ce point noir de notre Histoire. En effet, les propos tenus dans ce film résonnent étrangement avec ceux d’aujourd’hui… alors, oui, il faut enfoncer le clou. Rappeler où nous emmènent de tels raisonnements… Ce sujet est totalement d’actualité !
D’ailleurs, le sujet central du film n’est pas vraiment Dreyfuss. Le héros, c’est Picquart. L’affaire est vu par le prisme exclusif de l’armée puisque J. Dujardin en fait partie. C’est son univers. C’est Picquart qui fit « tomber » Dreyfuss. C’est lui qui contribuera à sa réhabilitation.
La reconstitution des faits me semble parfaite ; un satisfecit particulier pour le soin apportés aux costumes et aux détails des décors.
Les jeux d’acteurs sont impeccables y compris pour les seconds rôles. Jean Dujardin est particulièrement inspiré. Franchement je ne retrouve rien à redire à ce film qui a confirmé mon opinion sur le talent de Polanski. Désolée de le dire. Mais d’ailleurs, je ne vois pas pourquoi je devrais m’exc d’apprécier son œuvre et m’en justifier.