Égoïste ? Et alors !

J'aime bien Jérôme Commandeur. Sa première réalisation avait beau être moyenne, elle était nettement moins mauvaise que sa réputation et que les comédies françaises en général. Et puis sa personnalité, sa répartie, sa capacité à représenter le français moyen avec justesse et aisance, en plus d'une bande-annonce étrangement attirante : tout ça m'a poussé à me diriger rapidement dans les salles obscures pour découvrir « Irréductible ». Alors, certes, comme presque tout le monde, je n'ai pas vu l'original italien : forcément, ça limite.

Reste qu'avec un regard neutre, ce second age derrière la caméra n'a rien de déshonorant, même si j'attendais un peu plus de méchanceté et de piquant. La première partie fonctionne pourtant bien : critique un peu démago mais néanmoins efficace de la fonction publique, avec ce qu'il faut de bonhomie et d'humour pince sans-rire, Commandeur menant sa barque sans grande subtilité mais efficacement. Il y un effort d'écriture, ce n'est pas trop linéaire, cette façon de bouger d'un endroit à un autre amenant du rythme, auxquels s'ajoute quelques personnages assez savoureux, à l'image d'un Christian Clavier pour le moins inattendu en syndicaliste forcené.

Ça se gâte par la suite, notamment lors de cette interminable partie suédoise où tout paraît plus long, plus pesant, les gags fonctionnant moins, tombant assez souvent en-dessous de la ceinture, mais jamais en-dessous non plus, l'impression de répétition laissant poindre le bout de son nez. Avant de repartir légèrement par la suite, sauf... que le film touche à sa fin, ou presque. Au moins l'auteur de « Ma famille t'adore déjà ! » nous évite les blagues trop faciles et un récit trop prévisible du début à la fin, ponctué d'un sens des situations et des dialogues certes inégal, mais parfois savoureux.

Surtout, il peut compter sur un casting de haute volée : lui-même, donc, toujours aussi savoureux en anti-héros, sympathique presque malgré lui, Gérard Darmon, pourtant peu présent, et surtout Laetitia Dosch, toujours aussi séduisante quel que soit le registre, ou la toujours magnifique Pascale Arbillot, amenant une complexité inattendue à un personnage qui aurait pu devenir ridicule, voire inable. Sans oublier Estéban, Valérie Lemercier ou même Gérard Depardieu dans une scène étonnamment touchante : même pour une poignée de minutes, tou(te)s ont quelque chose à jouer, montrant un vrai amour des comédiens chez l'acteur-réalisateur.

Alors tant pis si le dénouement n'est pas vraiment à la hauteur, Jérôme Commandeur se rattrapant avec humour et originalité durant le générique, vous conseillant donc fortement de ne pas partir dès les dernières secondes. Disons que pour une comédie française, c'est plutôt pas mal, même si l'on pouvait espérer plus au vu des attentes.

6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films français de 2022

Créée

le 17 sept. 2022

Critique lue 854 fois

9 j'aime

2 commentaires

Caine78

Écrit par

Critique lue 854 fois

9
2

D'autres avis sur Irréductible

service minimum

Irreductible est une comédie nanardesque plus que poussive.La réalisation est plate, l'interpretation de Jerome Commandeur flirte avec l'amateurisme...Pour autant , le film est sauvé de la nullité...

le 12 juil. 2022

13 j'aime

Égoïste ? Et alors !

J'aime bien Jérôme Commandeur. Sa première réalisation avait beau être moyenne, elle était nettement moins mauvaise que sa réputation et que les comédies françaises en général. Et puis sa...

Par

le 17 sept. 2022

9 j'aime

2

Critique de Irréductible par Heurt

Dans la catégorie comique Commandeur a certes un petit côté sympathique. Quand il se retrouve sur les plateaux télés, il fait partie des bons clients. Seulement entre faire un bon mot sur un plateau...

Par

le 30 oct. 2022

7 j'aime

Du même critique

Enquête sur un scandale cinématographique ?

Thierry de Peretti est un réalisateur doté d'une bonne réputation, notamment grâce à « Une vie violente », particulièrement apprécié à sa sortie. J'y allais donc plutôt confiant, d'autant que le...

Par

le 20 août 2022

32 j'aime

8

Attente meurtri(ère)

Cinq ans d'attente, avant que la crise sanitaire prolonge d'une nouvelle année et demie la sortie de ce 25ème opus, accentuant une attente déjà immense due, bien sûr, à la dernière de Daniel Craig...

Par

le 7 nov. 2021

29 j'aime

31

L'Origine du malaise

Je le sentais bien, pourtant. Même si je n'avais pas aimé « Momo », adapté du même Sébastien Thiéry, cela avait l'air à la fois provocateur et percutant, graveleux et incisif, original et décalé,...

Par

le 25 sept. 2021

25 j'aime