Film qui prend donc le contre-pied des James Bond. On y voit un agent, Harry Palmer, qui porte des lunettes, fait ses courses, se bourre la gueule, se montre d'une onctuosité insolente avec ses supérieurs, remplit de la paperasse afin d'obtenir de mener des opérations.
Et encore, il triche et aime l'action par rapport aux autres, ce qui nous vaudra quelques portes que l'on pousse le flingue dégainé, quelques mandales en pleine rue, quelques échanges sous haute tension, etc...
Le film tourne autour de la signification du mot IPCRESS, et malgré quelques longueurs, prend dans sa dernière partie sa dimension de film d'espionnage. On retrouve l'ambiance présente dans certains romans de John Le Carré, dans lesquels on doute de la fiabilité de ses supérieurs et de la notion de vérité même. Le danger mystérieux abordé résonne étrangement avec celui présent dans le premier volet de la moins honorable série des Kingsman, où Michael Caine joue un rôle important. Des échos troublants.
(Le fameux IPCRESS est une sorte de méthode de conditionnement mental psychédélique, à base de flash et d'ondes sonores, qui vise à détruire le cerveau de savants britanniques. Harry Palmer subit ce conditionnement, mais y résiste en se scarifiant. La scène finale voit son supérieur se révéler comme un traître et essayer de le pousser à tuer son ancien supérieur. Harry résiste de justesse.)
Bref, si vous aimez les filatures sur fonds de flûte jazzy des années 1960, les complots paranoïaques qui se ent entre quatre murs, vous trouverez sans doute votre bonheur. D'autant que la réalisation essaie des choses au niveau visuel (plan depuis l'ampoule d'un plafonnier, scène de cellule vue à travers les trous d'un hygiaphone, jeux avec les battants d'une porte faisant du visage d'un protagoniste un Janus...).
Quelques longueurs mais le film capture la solitude des agents des services secrets, et la mélancolie qui en découle.