Un monde de poussière, où Swiffer règne en Maître !

Le peuple se meure. Il est à l’agonie, vivant dans un monde où toutes les ressources disparaissent. Où la poussière est le pire fléau de l’Homme. Où Swiffer se fait des couilles en or. Pour le moment, seul le maïs subsiste. Pendant encore combien de temps, ça… Le pop-corn, c’est marrant pendant 2h49 de film, mais après ? C’est dans cet enfer quotidien que Cooper et sa famille survivent. Ancien ingénieur devenu fermier, Charles « Cooper » Ingalls est étrangement appelé pour une mission d’une extrême importance : sauver le genre humain. Rien que ça.

A l’image de son Batman Begins où l’on tardait à voir apparaître le héros masqué, Christopher Nolan nous fait languir son voyage interstellaire par une longue, intrigante et plutôt ionnante première partie. La famille y est montré aussi bien soudé que déchiré : le lien qui unit un père à ses enfants (sale gamine), fort et fragile à la fois, se trouve être le thème de départ, mais aussi le thème fort d’Interstellar. En regardant, incrédule, une scène de rencontre parents/professeur dans un film où t’attend de croiser Mars et John Carter, tu te dis que Nolan met toutes les chances de son côté pour qu’on adhère aveuglement à ses propos.

Le réalisateur fait en sorte, pour une fois, que le spectateur puisse s’attacher à ses personnages, au point d’avoir peur pour leur vie, et que malgré les enjeux titanesques, l’histoire intime qu’il décrit prenne le dessus. Soyons honnête, on sent une nette amélioration de ce côté-là… Mais ça reste encore foutrement mécanique. Il arrive, soit, à nous convaincre qu’un père est prêt à tout pour protéger l’avenir de ses enfants - enfin, il est surtout aidé par l’interprétation sans faille de Matthew McCaunaughey – mais le souci reste encore le même : on est bien plus ionné par les événements qui découlent de son scénario que les personnages et leur semblant de background.

Il instaure des mystères qui titille notre curiosité au plus haut point ; déploie, au moyen d’une équation qui peut résoudre toutes les énigmes du temps et de l’espace, des enjeux puissants – qui, au age, pointe l’impact qu’a l’Homme sur la Terre - ; et ainsi donne de la dimension à son voyage impossible. Quand la fusée décolle, on se fout presque royalement des personnages qu’on laisse sur cette planète qui pourrit. On est juste excité par ce qu’on va découvrir : des nouveaux mondes, une réalité hybride, et surtout le regard que les scénaristes, les frères Nolan, nous réserve.

Et que ce soit en termes d’images, de thèmes ou de révélations, c’est simplement renversant. L’épopée spatiale ionne réellement, ant de l’inconnu intriguant aux péripéties captivantes, le tout servi par quelques scènes fortes, et surtout une bande-originale dantesque (pour peu qu’on ne soit pas allergique à Hans Zimmer).

Les premières notes du compositeur surprenne, puis nous font plonger dans l’univers fantastique de Nolan avec une facilité exemplaire. Son thème principal, utilisé aussi bien pour les ages se déroulant sur Terre que dans l’espace (ou pour la détresse de Davy Jones, mais ça on va éviter d’en parler…), nous rappelle sans cesse qu’on regarde une oeuvre unique, qui fait la part belle au lyrisme. Au dépaysement cosmique total.

Quand les Nolan nous parlent des ravages que le temps peut commettre, ça laisse sans voix… Quand on nous balance que c’est l’amour qui peut tout transcender, c’est plutôt bien fait pour que ce soit crédible… Ou quand un twist aux conséquences désastreuses se présente (qu’on sent toutefois arrivé gros comme une fusée), ça relance la machine déjà parfaitement huilée. Ce n’est plus une surprise, les scénaristes témoignent d’un talent de conteurs hors norme, et savent imposer leurs visions en essayant d’autres angles d’approches.

Une vision qui, peut-être, pourrait déplaire à certains. Car comme pour Inception, le scénario possède un côté très didactique. Ça se veut nébuleux, mais ça le reste peu de temps : on avance dans un chemin balisé, on suit les flèches avec des petites fiches explicatives bien faites, et si on adhère, ça devient une visite proprement magnifique.

Et même si quelques détails nous laissent un peu dubitatif (la fin, les twists, le personnage d’Anne Hathaway), le sentiment final qu’on éprouve pour Interstellar reste semblable à presque tous les films de Christopher Nolan : on frôle le chef d’oeuvre. De ça !

POUR LES FLEMMARDS : Une épopée spatiale humaine et ionnante, explorant aussi bien les ravages du temps que la puissance de l’Amour, et habillée d’une BO tout bonnement sublime.
8
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le 24 nov. 2014

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Djack-le-Flemmard

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